mardi 10 mars 2009

SOMMES NOUS DEVENUS DES CHIENS?

Nous ne pensons pas que ce soit à l'honneur d'hommes politiques de "se battre comme des chiens". La métaphore canine fort lamentable utilisée par le maire d'Angers en conclusion du vote du budget après les interventions de ses adjoints lisant bien sagement les fiches qui leur avaient été préparées n'est pas à l'honneur d'une vie municipale authentiquement démocrate.
Cette métaphore en appelle une autre, celle de la curée, où après la chasse, on déchiquète les morceaux.
Passons sur la surcharge d'éloges décernés à ce budget, où certain(e)s adjoint(e)s faisaient assaut de flagornerie, comme si certains tenaient absolument à donner des gages supplémentaires de conversion opportuniste au socialisme bobo.
Si ce budget est bon, cette débauche de louange et d'auto-célébration relève de ces moeurs qui caractérisent les microcosmes où règne l'esprit de cour.
S'il n'est pas bon, et s'il n'est pas le budget de combat que l'on se plait tant à vanter, si le montant de la subvention municipale octroyée au CCAS est inférieure au montant de l'inflation, il serait peut-être temps pour les Angevins de s'apercevoir que la municipalité qu'ils ont élue n'est pas une municipalité de gauche préoccupée de justice sociale, mais une municipalité dont le premier réflexe est l'entre-soi bourgeois bohème.
Quelqu'un qui ne connaîtrait pas le tropisme angevin serait bien étonné de voir la préoccupation sociale que l'imaginaire politique classe plutôt à gauche prise en réalité en charge par l'opposition.
Rappelons que c'est au sein de ce groupe de la minorité que siègent les conseillers investis par François Bayrou lors des élections municipales de 2008.
Pour revenir sur cette image des chiens se disputant l'os médullaire, rappelons simplement que la vie politique n'est pas une vénerie où l'on vient planter ses crocs dans les mollets de ceux qui pensent autrement ou tout simplement qui pensent.
Pour reprendre le mot fameux de je ne sais quel journaliste se plaignant de ce que le président de la république les ait comparés à des chiens dans un éloge funèbre resté célèbre, nous ne sommes pas des chiens.
Se battre oui, mais en hommes civilisés, c'est-à-dire faisant preuve entre eux de civilité. Se battre comme des chiens est justement caractéristique d'une agressivité qu'aucune fin ne justifie. C'est faire l'apologie de l'instinct qu'aucune raison ne vient tempérer. Cette image de chiens prompts à s'entredéchirer pour un hochet accrédite hélas l'idée qui trotte dans toute les têtes: l'hallali que l'on sonne sur certaines manifestations culturelles est en réalité une bien triste manoeuvre visant à satisfaire des instincts dont on aimerait voir la race humaine prémunie. Quelle peste aurait donc frappé Angers pour qu'en haut lieu de la cour on criât à ce point haro sur le baudet?
Utiliser la crise pour assouvir un désir de je ne sais quel désir de vendetta politicienne à l'égard de manifestations, dont une en particulier, qui n'a pas démérité, n'est guère honnête ni digne d'hommes et de femmes probes et libres.
Oui, si vraiment faire des économies était nécessaire, nous aurions compris que les sacrifices fussent équitablement répartis.
Restreindre la voilure impliquait peut-être de différer à des jours meilleurs des investissements pas vraiment indispensables, de restreindre encore plus les frais de communication et de fonctionnement qui ne sont pas minces.
Un budget de combat, pour favoriser les ménages et le pouvoir d'achat, c'était peut-être le choix courageux de baisser les taux pour tout simplement maintenir les rentrées fiscales, vu que les bases augmentent mécaniquement. Au lieu de cela, on laisse augmenter les impôts en présentant cette augmentation comme le résultat d'un processus mécanique sur lequel on se prive de la possibilité d'agir. On s'empresse à l'agglo d'enlever d'une main ce que l'on donne chichement de l'autre à la ville en augmentant la taxe d'enlèvement des ordures et l'eau.
Un budget de combat aurait été un budget qui ait le courage de baisser les taux de la fiscalité, pour à terme les ramener au niveau de villes comparables.

Au lieu de tout cela, la politique du trompe l'oeil se poursuit.

Certes, voir ses subventions diminuées aurait assurément chagriné bien des acteurs culturels. Mais au lieu d'un chagrin de courte durée imposé à tous au nom de la solidarité, on prend le risque de la provocation délibérée et de sacrifier un festival qui depuis 25 ans contribuait à la notoriété d'Angers et qui était unanimement salué par la presse. Fallait-il donc un bouc émissaire à la majorité municipale?

Enfin, oui, n'en déplaise, l'évergétisme, c'est-à-dire la juste intervention du pouvoir politique dans le secteur culturel, qui n'utilise pas les acteurs culturels comme des faire-valoirs, ce n'est pas le vulgaire panem et circenses. Cette haute idée de la culture commande que même en temps de crise, l'on puisse continuer à faire exister des événements culturels qui permettent le temps d'un soirée ou d'un festival d'échapper à la morosité du quotidien. Dissiper l'ennui, divertir des préoccupations et des inquiétudes du moment est une activité salutaire pour la culture qui propose à l'homme le supplément d'âme dont il a besoin. Cela suppose une chose: le respect absolu et sans condition de l'indépendance des acteurs culturels, ainsi que la prise en compte de la diversité des lieux où peut se vivre la culture.
Cela suppose aussi le respect des électeurs, car on ne peut pas impunément présenter pour les besoins d'une élection la culture comme l'art d'être ensemble et un an après immoler pour de fallacieux prétextes certaine manifestation sur l'autel expiatoire des froides vengeances.

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