Le 16 mars 2008, après une semaine où le 9 mars avait ouvert les portes de l'espérance à Angers, une chape de plomb s'est abattue sur la ville.
Au bout d'un an, le bilan d'une année supplémentaire de socialisme gestionnaire à Angers ne porte guère à la gloire, même si les thuriféraires habituels peu nombreux il est vrai, continuent à administrer à Angers leur tisane à l'eau tiède, qui finit par induire dans les esprits tant habitués à la consommer qu'on ne peut pas faire autrement.
Je ne sais plus quel jeune maire communiste de la banlieue parisienne reprochait à la gauche son absence de projet, transformant les élus locaux en gestionnaires sans prospective.
Certes le propos de cet élu est d'expliquer pourquoi depuis que François Mitterrand a quitté l'Elysée, celle-ci est incapable d'envoyer l'un des siens aux plus hautes fonctions. Mais son analyse vaut aussi pour tous ces élus locaux entrés dans les conseils municipaux lors de la vague rose, et qui n'ont pas vu que le monde changeait autour d'eux. Ils n'ont tout simplement pas changé de logiciel.
Alors faisons un peu l'inventaire des fléaux dont souffre Angers, et auxquel ces cinq années de socialisme bobo sont hélas bien loin d'apporter les remèdes salutaires qui s'imposent.
- l'absence d'audace d'entreprendre.
- l'absence de prise en compte de la gravité de la crise du logement qui fait qu'il sera très difficile de rattraper les retards de la décennie passée.
-l'absence de claire perception de la réelle pauvreté angevine dont les édiles surestiment les capacités contributives réelles.
- l'enfermement dans un conception étroite de la culture.
-la retard par rapport à tous les progrès de la modernité: il est en effet stupéfiant de constate l'absence totale d'espaces wifi publics. Alors que dans maintes grandes villes, il existe des bornes d'accès public permettant de se connecter au web tout en prenant l'air dans un jardin public, cela n'existe pas à Angers. Le seul espace de ce type est la place Michel Debré, et l'équipement n'existe que par la seule volonté du Conseil Général. Force est de constater que la municipalité socialiste révèle son décalage dans ce domaine des technologies modernes, son déphasage avec les catégories d'âge pour qui cela devrait aller de soi de pouvoir se connecter au web dans les jardins publics.
Il est attristant de voir à quel point Angers fait rimer et pas seulement pour l'oeil et l'oreille conservatisme avec socialisme.
- une politique des transports et du stationnement calamiteuse qui privilégie le paraître sur la prise en compte des vrais besoins de l'agglomération.
Sur ce dossier, l'honnêteté serait tout simplement de reconnaître qu'Angers vu les dérives insupportables des coûts de construction de la Ligne Unique de Tramway ne pourra pas avant longtemps ne serait-ce qu'avoir l'idée d'une préfiguration d'avant projet de deuxième ligne.
Résultat, une ligne de tramway, ce n'est pas un réseau, et l'absence de tramway là où étaient les vrais besoins, c'est-à-dire à Belle-Beille se fera sentir pour de longues années.
Or, Angers aurait pu avoir en mains dès l'année dernière les cartes en mains pour se choisir un autre avenir, pour se faire honneur, comme on le dit si bien dans le Sud Ouest cher à François Bayrou, si elle l'avait vraiment souhaité et suivi l'exemple de ces 27083 électeurs et parmi eux se trouvaient une part substantielle d'électeurs de sensibilité de gauche, ou dont l'état social ne fait pas de soi des électeurs habituels de la droite et du centre.
Il faut vraiment être sourd pour ne pas entendre la sourde clameur des commerçants du centre-ville dont l'accès aux boutiques devient de plus en plus difficile, et qui n'auraient de toute évidence pas connu de tels déboires si un tracé raisonnable avait été choisi. Il n'échappe à personne que les faillites et liquidations que connaît le commerce en centre-ville sont la conséquence directe des travaux du tramway.
Or l'intérêt général ne justifiait pas un passage par l'hypercentre. C'est donc une décision politicienne pour complaire à un lobby bobo très étriqué à qui il est d'autant plus facile de donner à autrui des leçons de civisme écologique qu'il n'est pas concerné soi-même par les contraintes du déplacement.
Lorsqu'est à ce point sacrifiée une partie de la population, qui plus que tout autre est exposée aux fluctuations de l'offre et de la demande, lorsque les pouvoirs publics par leurs mauvais choix dressent les citoyens les uns contre les autres, il ne faut alors pas s'étonner que ceux qui se parlaient encore hier, s'évitent désormais le lendemain. Loin d'être le lien social qu'il aurait pu être, le tramway portera comme une tare inexpiable d'avoir semé dans la ville les ferments de la division et de la discorde.
Oui, le 16 mars 2008 en son matin nous laissa espérer la joie vespérale, jusqu'à ce que la vérité tombe. Je me souviendrai longtemps de ce passage nocturne dans la rue David d'Angers, où nous assistions dans la stupéfaction au spectacle de la ville enterrant son espérance, les ténèbres le disputant à l'atmosphère funèbre, où la rancoeur le disputait à l'incompréhension, et où seule la charité chrétienne constitua alors le dernier rempart pour ne pas exhaler de haine - et pourtant d'en éprouver les motifs ne manquaient pas. Fallait-il en effet que de surcroît nous fussions Chimène?
"Weinen, Klagen, Sorgen, Sagen, Angst und Not, Sind der Christen Tränenbrot"
Tels sont les mots qui me reviennent à l'esprit un an après pour évoquer ce chemin parcouru dans la nuit.
"Larmes, Plaintes, Soucis, Craintes, Angoisses et Détresses sont le pain de larmes des chrétiens".
Cependant, chaque jour qui passe nous rapproche de ce déjà tout proche dimanche de mars 2014 où une nouvelle équipe, de nouvelles idées, un vrai projet municipal porteront enfin l'espoir au présent à Angers. Bien de ceux qui l'avaient espéré dès 1983 ne pourront jamais le voir. Puissent-ils un jour le voir depuis le balcon céleste.
Mais il faut bien se dire ceci, il n'y a d'avenir que pour ceux qui sauront le choisir. Et il n'y a de vent favorable que pour celui qui sait où il a choisi d'aller.
La dignité de la vie civique ne saurait accepter que l'on oublie le lendemain ce que l'on a fait la veille, et c'est pourquoi le choix que nous avons fait le 9 mars et le 16 mars 2008 doit être la boussole de l'engagement que nous avons choisi pour notre cité.
Le 9 mars, qui avait couronné deux mois d'intense campagne électorale au coeur d'Angers a allumé durablement une flamme d'espérance, il ne tient qu'à ceux qui en auront la volonté qu'elle soit inextinguible, et qu'elle se propage plus encore, tel un incendie d'amour couvant sous la braise pour éclater au grand jour lorsque viendra pour Angers l'heure de ses retrouvailles avec son histoire.
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