lundi 24 août 2009

BILLET DE RENTREE

Ne nous payons pas de mots, la rentrée politique et les mois qui viennent vont être consacrés à la préparation des élections régionales. Si désormais, et plus encore depuis la réduction du mandat présidentiel à cinq ans, avec les législatives dans la foulée des présidentielles, l'élection du Président de la République est forcément dans les pensées plus ou moins avouées des leaders des formations politiques, encore faudrait-il ne pas mélanger les enjeux, ne pas confondre les élections régionales avec un énième xième tour de l'élection présidentielle.
C'est dire s'il importe de respecter le calendrier et partant l'enjeu de chaque élection. Cela vaut pour les élections régionales en particulier.

Faut-il que les Socialistes s'attendent à ce point à la perte de nombre de régions pour draguer avec autant d'ostentation intéressée les votes centristes, voire faire les yeux doux à certain(e) de leurs dirigeants tout en jurant leurs grands dieux que non jamais, ils n'envisagent absolument pas d'alliance avec le Modem?

On ne sait que trop ce que deviennent les promesses anté-électorales de partage des clefs de l'appartement majoritaire, et les candidats ainsi circonvenus doivent se contenter d'étiquettes ronflantes, mais sans avoir en réalité les délégations qu'on leur avait fait miroiter.

Faut-il que Cohn-Bendit, après avoir insulté François Bayrou dans les conditions que l'on sait ait à ce point perdu sens de la mesure et de la dignité, et partant du respect dû aux électeurs, pour oser évoquer une alliance de circonstance, avatar moderne de l'union de la carpe et du lapin, allant des franges de l'extrême-gauche au Modem?

D'aucuns, voyant dans les primaires la panacée pour désigner le candidat de la gauche, semblent se demander si, sait-on jamais, le candidat du Modem pourrait y participer.

Tout cela porte un nom, c'est le mirage américain. Mais la vie politique américaine est bipolaire. Il y a les Républicains, il y a les Démocrates, et rien d'autre ou si peu.

S'agiter comme des cabris en criant "primaires, primaires" pour prétendre conjurer le marasme qui mine le PS relève de l'angélisme. Comme si cette incantation pouvait à elle seule conjurer le spectre du 21 avril. Cela montre à quel point le bilan n'en a pas été tiré, à quel point le PS au lieu de s'interroger sur les vraies causes de son échec, persiste à vouloir en attribuer la seule responsabilité à des candidatures selon lui illégitimes (celles de Chevènement, celle de Taubira naguère, et si l'on suit la même logique, celle du candidat écologiste, celle du candidat démocrate). C'est bien joli de s'enticher pour cet article d'importation que sont les primaires, mais comment décider de qui participe aux primaires? Les encartés? mais au nom de quoi imposer à d'autres partis de se plier à ce marché de dupes. Les sympathisants? comment s'assurer de leur qualité? sur quels critères? l'inscription sur les listes électorales officielles? il se pourrait bien que le Conseil Constitutionnel y voie une pratique contraire à nos usages républicains français? Alors, vote qui veut, où chacun apportant sa voix comme d'autres vont à l'auberge espagnole, sans forcément avoir la qualité d'électeur ? mais alors, à quoi sert précisément le premier tour, si c'est pour limiter à ce point ses enjeux ou entériner le fait qu'un groupe de pression impose par ce biais un candidat à l'ensemble du corps électoral.
La vertu du premier tour, c'est justement de pouvoir choisir.

Ma conviction est que le Mouvement Démocrate n'a pas à se poser la question de ces primaires, n'y pensons même pas, sauf à dire dès maintenant que nous renonçons au socle fondateur de notre indépendance chèrement acquise et que nous nous préparons à passer en parfaite connaissance de cause sous des fourches caudines d'un autre genre. Il y a plus urgent, et mieux à faire que de regarder les éléphants s'entre-déchirer, ou de jouer à qui a le plumage le plus vert, ou pire encore de feindre vouloir participer à ce jeu de massacre.

Précisément, les élections présidentielles françaises de 2007, marquées par le score jamais atteint par le candidat centriste, même si cela n'a pas suffi pour le qualifier au second tour, ce qui eût certainement rendu le résultat du deuxième tour substantiellement moins inéluctable, ont révélé qu'une frange substantielle du corps civique ne se reconnaissait absolument pas dans l'offre électorale d'une droite sans complexe incarnée par Nicolas Sarkozy, mais ne voulait pas pour autant se résigner à voter pour Ségolène Royal. C'est pourquoi une part non négligeable de l'électorat centriste a pris ses responsabilités en s'en rapportant au moindre mal : le vote blanc.
C'est bien ce refus tant de la droite que de la gauche qui a amené François Bayrou à porter sur les fonts baptismaux un nouveau parti, mais qui ne partait pas de rien.
C'est dire si la centralité, c'est-à-dire le refus des oukases, d'où qu'elles viennent, est inscrite dans ce geste fondateur.

Nous n'avons pas voulu du pistolet sur la tempe, ce n'est certainement pas pour nous reconvertir au jeu de la roulette russe.

Ne troquons donc pas l'antique allégeance à droite contre la danse du tapis à gauche, ou plus exactement de la chaise musicale.
Commençons par respecter le temps de chaque élection, car nous voyons ce qu'a donné la confusion des enjeux présidentiels avec le temps de l'élection européenne. Ne recommençons pas pareille erreur pour les régionales. De plus, dans la quasi totalité des régions, nous voyons que les sortants, c'est le PS. Et le bilan n'est guère éloquent : envolée des dépenses, fiscalité non maîtrisée, manque de souffle des projets, présidences transformées en faire-valoir personnel. Et le PS a déjà donné à sa manière le signe du renouveau en désignant comme chef de file les présidents sortants, à part peut-être en Languedoc-Roussillon.

Ne passons donc pas à côté de l'opportunité de faire apparaître dans nos régions d'autres majorités, avec d'autres générations.