jeudi 3 septembre 2009

DU DANGER DE LA NOVLANGUE

Depuis quelques années il est de bon ton de se plaindre du fossé qui s'élargit entre politiques et citoyens d'en-bas.
La Ville d'Angers et ses hiérarques socialistes avaient déjà donné pendant la campagne électorale un avant-goût du divorce linguistique entre eux et le bas peuple. Souvenons-nous des libellés affriolants de la campagne électorale pour désigner les responsabilités des adjoints: la ville bien gérée ; la ville de l'art d'être ensemble ; la ville éducatrice (comme s'il appartenait à la ville de s'arroger en la matière un pouvoir de substitution : les parents apprécieront...) ; la ville de la mobilité...

Apparemment, moins de deux ans après les élections municipales, cette rage de la novlangue qui s'est inoculée chez les principaux responsables de la majorité municipale n'a pas disparu.

Au point que Jean-Yves Lignel, dans le Courrier de l'Ouest d'aujourd'hui, relate avec une ironie certaine la conférence de presse donnée par l'adjointe aux transports.

Saviez-vous que le tramway est censé favoriser le report modal? Heureusement que le journaliste donne généreusement la traduction en français courant. Le report modal, c'est tout simplement quand on prend sa bicyclette au lieu de sa voiture, ou que l'on combine marche à pied et transport en commun.
On se demande qui invente ces vocables ronflants, mais dont la vacuité n'a d'égale que l'immodestie. N'y a-t-il pas mieux à faire, car l'argent des contribuables n'est pas inépuisable, que payer des agences de com' pour inventer ces expressions qui trouveraient bien leur place dans une anthologie de la consistance du vide.


"Ce que l'on conçoit bien s'énonce clairement,
Et les mots pour le dire arrivent aisément..." (Boileau, Art Poétique).
On se demande vraiment pourquoi faire compliqué quand on peut faire simple. Visiblement, tout ce fatras, tout ce verbiage a irrité le journaliste, qui se paie d'un communiqué cinglant, sous forme d'une lettre ouverte à son rédacteur en chef.

Manifestement, en matière de communication politique, beaucoup reste à faire. Tout d'abord revenir aux choses simples. Avoir des idées, et trouver les mots pour le dire. Le Général de Gaulle, François Mitterrand n'ont jamais eu recours aux services de coaches ou d'officines de communication. Au niveau de notre bonne ville d'Angers, des maires de grande qualité comme Jean Turc ou Jean Monnier savaient de façon intuitive comment parler à leurs administrés.

Nos hommes comme nos femmes politiques ne seraient aucunement déshonorés s'ils retrouvaient l'audace de nommer les choses par leur nom.

Sur le fond, chacun appréciera comme il convient de le faire. C'est à se demander, si une fois que l'on a fait l'expérience des conditions actuelles de déplacement en ville, une fois que l'on a vu que la rentrée venant encore davantage de rideaux de magasins demeuraient baissés, tout le monde parle bien de la même ville. Fallait-il par suite du choix d'un mauvais tracé, sacrifier le commerce de centre-ville à je ne sais quel Moloch jamais repu.






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