La revue mensuelle Nouvel Ouest dans son numéro de juin sous la plume de Christophe Journet publie ces jours-ci un fort intéressant article sur les dessous pas très affriolants de l'enquête qui a précédé la Déclaration d'Utilité Publique concernant les travaux du tramway.
L'association Consultram après un travail de bénédictin, pour obtenir communication des pièces administratives avait pris la décision de formuler un recours contre la DUP devant le Tribunal Administratif de Nantes, par dépôt d'un mémoire au greffe de la juridiction en mars 2007, puis introduit une action en référé, dont les attendus de jugement disaient sans détour que s'il n'y avait pas lieu à retenir l'urgence, il existait quant à la légalité de l'enquête un doute sérieux dont un des éléments substantiels était que la commission d'enquête n'avait pas émis d'avis personnel quant au tracé retenu.
Cette action rappelons-le est toujours pendante devant la juridiction nantaise.
Par ailleurs, un autre article de la même revue écrit noir sur blanc ce qui se dit de plus en plus en ville: revendre ou acheter un commerce en centre-ville sur la zone impactée par le tracé devient mission impossible.
En effet, le refus des banques d'accorder des prêts pour des projets d'acquisition commerciale dans le secteur fait qu'il n'existe pas d'acheteur solvable, sauf à imaginer qu'il soit en mesure de payer comptant. En l'absence d'acheteur solvable, c'est la vente que l'on rend très difficile.
Or derrière le commerce, il y a aussi le travail et l'emploi, le salaire, le pouvoir d'achat.
Est-il décent et responsable de la part d'un édile de se contenter de répondre qu'il n'y a pas d'inquiétude, qu'il y a une commission d'indemnisation, et qu'il suffit de négocier "des exercices" (sic) sur trois ans?
On le voit, les premiers effets du choix d'un mauvais tracé commencent donc à se faire sentir. Et lorsque les parkings du Ralliement et de Marengo auront fermé, les angevins auront pris d'autres habitudes de consommation dans les centres commerciaux de la périphérie, ce qui modifiera durablement les zones de chalandise et contribuera encore plus à la dévitalisation du centre-ville, que l'on commence déjà à sentir sur la place du Ralliement depuis qu'elle n'est plus desservie par les bus.
Pendant la révolution, on y éxécuta les victimes de la terreur, aujourd'hui c'est le commerce de centre-ville que l'on s'apprête à immoler en ces lieux.
Lorsque le tramway par l'hypercentre sera construit, avec ses problèmes liés à la vision d'un centre étriqué et dévitalisé, il faudra beaucoup d'énergie pour rattraper les dégâts, et être en mesure de mettre en place des busway vers les quartiers que le tramway aura laissés à l'écart, notamment le campus et la zone franche, ainsi que la ville de Trélazé dont aucune raison objective ne saurait justifier qu'elle demeurât privée de moyen moderne et rapide de transport en commun.
On en vient in fine à douter de l'opportunité du choix d'un tramway sur Angers, en raison de la taille même de l'agglomération, n'eût-il pas mieux valu, lors de la phase de réflexion préalable, privilégier le trolleybus en site propre, ce qui pour un coût sans doute équivalent eût permis de mettre en place d'emblée au moins deux lignes?
Bref, à Angers, ce n'est peut-être pas Un tramway nommé désir, mais c'est à coup sûr Un tramway nommé délire.
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