mardi 12 mai 2009

CAMPAGNE EUROPEENNE : RUBRIQUE IMPERTINENTE

Composer des listes relève sans doute d'une mystérieuse alchimie.
Officialisée tout récemment, la liste de l'UMP dont nous ne connaissions pour l'Ouest que les deux chefs de file, Christophe Béchu, président du conseil général de Maine-et-Loire et Elisabeth Morin-Chartier, députée européenne sortante, comprend - ce qui ne surprendra personne - des candidats issus de tous les départements qui composent notre grande région.
Seulement, il se trouve que le 3ème candidat de la dite liste est Monsieur Alain Cadec, premier adjoint au maire de Saint-Brieuc.
Or, pour le sens commun, le premier adjoint, c'est un peu comme l'alter ego du maire, et la plupart du temps, il dispose de quasiment toutes les délégations.
Or il se trouve que le Maire de Saint-Brieuc n'est autre que Bruno Joncour, n° 2 sur la liste du Modem, conduite par Sylvie Goulard.
Sans doute fallait-il qu'un breton - cela se peut comprendre - occupât la troisième place sur une liste dont à n'en pas douter la composition a fait l'objet d'une attention certaine de l'Elysée. Et il y a de sérieuses raisons de penser que c'est un euphémisme que de parler d'attention certaine.
Voici donc la réaction de Sylvie Goulard, lisible sur son site personnel: http://www.sylvie-goulard.eu/
Chroniques européennes du large N°4
10 mai 2009 - Valeurs du foot et de la politique
Parfois, à l’occasion d’un match, deux équipes voisines s’affrontent. Comme Guingamp contre Rennes, en coupe de France, hier soir. Parfois, c’est dur. Mais au foot, y a des règles. Ceux qui sont sur le terrain sont les meilleurs. Ils ont été sélectionnés parce qu’ils savent bien jouer. Ils se sont entraînés longtemps. Parce que sur le terrain, en coupe de France, si t’y connais rien, t’as pas l’air malin. Et puis, le foot, c’est « fair-play », comme disent les Anglais. C’est simple. Tu es d’un côté ou tu es de l’autre. Tu es de Guingamp ou tu es de Rennes. Tous Bretons, mais tu joues à la loyale. C’est la Coupe de France. Tu es fier. Tu es fier de savoir pour qui tu vas en Coupe de France.
Jamais, tu ne joueras contre ton capitaine, celui qui t’a soutenu lors de la dernière sélection, celle qui te tenait à cœur, pour aller en nationale. Jamais, tu ne lui feras un sale coup, à ton capitaine. Parce que tu veux te regarder dans la glace le matin, quand tu te rases. Tu sais que si, une fois, tu changes de maillot au dernier moment, rien qu’une fois, tu auras perdu la confiance. Et quand tu perds la confiance, tu es seul. C’est beau le foot. C’est pas comme la politique, parfois.
Y en a un, en politique, à St Brieuc, il paraît qu’il change d’équipe juste avant le match, alors que la saison des transferts est passée. Sur son blog, on peut lire encore à la date du 9 mai : « en 2001, il participe à la victoire de la liste menée par Bruno Joncour à St Brieuc » ; « en 2007, il participe à nouveau à la victoire de la liste de large ouverture menée par Bruno Joncour ». Il avait l’air de l’aimer son Bruno Joncour. Normal, un premier adjoint, en principe, aime bien son maire. C’est un peu son capitaine. Et pourtant, il va aux Européennes contre Joncour, sur la liste UMP… Allez comprendre ! Un type bien d’ailleurs, ce Joncour, solide, avec des valeurs chevillées au corps, les valeurs de l’Europe : la loyauté notamment, que l’UE demande solennellement aux Etats qui la composent. Cette année, Joncour est numéro 2 de la liste MoDem aux Européennes. Il a déjà fait campagne, pour l’Europe, en 2004 avec le général Morillon. Bruno Joncour, il s’est préparé. Il est allé à Strasbourg, il a rencontré des spécialistes. Depuis le mois de mars déjà, il sillonne toute la circonscription pour écouter les électeurs. Il les respecte.
Mais bon, c’est bien connu. L’Europe, c’est un truc qui vous prend irrésistiblement, une passion subite, un coup de foudre. Pire que les femmes. Sur le site précité, on a beau chercher, rien ; jusqu’à maintenant, pas un mot sur l’Europe. C’est venu d’un coup. Ça va pas être facile ! Changer de maillot et se mettre à l’Europe, sans être entraîné, en si peu de temps. Y a même plus un mois avant les élections ! Bon, il va falloir lui offrir « l’Europe pour les Nuls », comme Plantu à Rachida Dati.

Sylvie Goulard
Précisons, pour une complète information, que lors des législatives de 2007, Bruno Joncour, afin qu'il ne soit pas dit que sa candidature aurait favorisé l'élection du candidat socialiste, avait renoncé à se présenter contre son adjoint.
Moralité : présentez le calumet de la paix. Bien sûr, il sera fumé de concert quand cela sera nécessaire ; mais ne vous attendez pas à ce que la hache de guerre reste pour autant enterrée.
Bonjour l'ambiance au conseil municipal de Saint-Brieuc et dans les couloirs de l'hôtel de ville.
Assurément, la politique, ce n'est pas le monde des Bisounours, ce n'est pas la petite maison dans la prairie, mais, ne serait-ce que par égard pour les électeurs, et pensons d'abord aux briochins, que tout cela, j'imagine, doit rendre perplexe (on le serait à moins), ça serait bien que de temps en temps en politique, on prenne conscience qu'il y a des choses qui ne se font pas.
Autre détail, indépendant de toute cette histoire, quoi que...?
Ouest France rend compte de la position prise par François Goulard, député-maire de Vannes, à propos des élections européennes.
Confidentiel
mardi 12 mai 2009
La liste UMP n’emballe pas François Goulard

« Notre seule chance, dans l’Ouest, de gagner aux européennes, c’était une alliance avec le MoDem. Et que fait l’UMP pour faire plaisir à Bruno Joncour (maire MoDem de Saint-Brieuc)? On choisit son premier adjoint! Bravo, c’est grandiose ! » signé François Goulard. Le député UMP de Vannes n’est d’ailleurs pas le seul à penser que l’UMP a un gros problème dans l’Ouest avec les centristes. Il n’est que de voir, en Mayenne par exemple, la difficulté des relations entre le sénateur Jean Arthuis et l’UMP de centre-droit Yannick Favennec pour comprendre que la tentative de Pierre Méhaignerie de ramener les centristes vers l’UMP n’a pas été un grand succès. Sauf pour les socialistes.

C'est étonnant, c'est peu ou prou ce que je me souviens d'avoir entendu de la bouche même de François Bayrou, venant expliquer à Angers, que si les centristes étaient restés au centre, les régions Bretagne et Pays de Loire ne seraient pas passées à gauche.

Comprenne donc qui pourra.

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