mardi 21 avril 2009

DU BON USAGE DU PARDON ET DE LA REPENTANCE


Crédit photographique: http://www.sacre-coeur-montmartre.com/fr/basilique.html


Gallia poenitens et devota. La Gaule repentante et dévote. Tels sont les mots que nous pouvons lire à Paris dans l'abside du Sacré Coeur de Montmartre, dont la construction résulte d'un voeu en expiation de la guerre de 1871.
D'autres périodes de l'histoire de France furent nimbées de ce mea culpisme généralisé comme s'il fallait que la nation dans son ensemble expiât de bien hypothétiques fautes. C'est ainsi qu'à ses débuts, la Révolution Nationale par ses initiateurs et ses thuriféraires stipendiés fut présentée comme l'expiation des turpitudes du Front Populaire. On sait ce que cela donna, l'exode pitoyable de Pétain à Sigmaringen. Ce fut aussi le poteau d'exécution pour Brasillach et Laval. Ce fut aussi la palinodie d'intellectuels ou d'écrivains découvrant un peu tard à quelles illusions les avait conduit l'esprit de Munich.
Face à cela, la voix libre de de Gaulle s'est toujours refusée à regretter quoique ce fût.
La République Française et l'Eglise Catholique ont certes initié ces dernières années de courageuses démarches de repentance, mais l'enjeu était à la mesure de l'histoire tragique de ce que fut la Shoah, parce que cela nécessitait en effet une salutaire purification des mémoires afin que l'on se souvienne que des Français furent complices du génocide.
Mais aujourd'hui, on cherche à mettre la repentance à toutes les sauces, y compris pour faire porter sur le poids des Français une culpabilité imaginaire qui n'existe que dans le psychologisme particulier de la rivale qu'affronta au second tour celui qui est actuellement le Président de la République. Les écarts de langage de quiconque fût il chef d'Etat n'engagent pas la France. Il n'y a donc aucune raison pour que celle-ci se repente de quoi que ce ce soit.
S'agissant du discours de Dakar, les Africains à qui s'adressa le Président Français ne demandaient rien, n'avaient pas exprimé la moindre once de demandes d'explication par la voix de leur ambassadeur, ni le moindre soupçon de demande d'excuses. Seul pourrait s'excuser celui qui prenant conscience de l'incongruité de ses paroles jugerait cela opportun. Mais on n'a pas à s'excuser au nom d'autrui et encore moins à parler sans mandat au nom de la France.
S'agissant des propos putatifs visant le premier ministre espagnol, encore eût-il fallu s'assurer des faits, au lieu de s'en tenir à des ragots de presse colportés par des plumitifs avides de sensationnel chez qui la conception du débat démocratique est tombé si bas qu'apparamment non satisfaits des vraies bourdes de l'actuel président de la République, ils croient bon d'en inventer ou de rapporter pour argent comptant des rumeurs invérifiées.
Imagine-t-on une seule seconde François Mitterrand tenant pareils propos et s'excusant de tel ou tel discours de Valéry Giscard d'Estaing? Imagine-t-on Jacques Chirac faisant de même à propos de paroles de François Mitterrand?
Faut-il que la France ait à ce point régréssé dans le débat démocratique pour qu'une candidate recalée à la présidentielle se croit investie de je ne sais quelle mission mystique justifiant de présenter in nomine Galliae des excuses pour un oui pour un non? Voudrait-on tant qu'on y est transformer les Françaises et les Français en une gigantesque confrérie de pénitents portant cilice et sac de cendres, venant se flageller publiquement. La France telle que l'imagine Ségolène Royal ne serait donc pas la France debout et portant haut le flambeau de la liberté, mais la France à genoux se repaissant de repentance malsaine.
Ce n'est pas cette repentance inopportune qui réconciliera les Français avec la politique, alors qu'il y a tant de sujets. La crise bien sûr, l'étrange non dit qui fait qu'à quarante sept jours des élections Européennes on préfère nous bassiner avec les jérémiades ségolinesques ou le chien de Barack Obama, tout en laissant le président iranien proférer d'ignobles propos racistes à Durban.
Sur ce sujet comme sur tant d'autres, on n'ose imaginer quel aurait été l'état de la France, si pour éviter Charybde le pays s'était jeté dans les bras de Scylla au second tour de la présidentielle. Que ceux qui à ce moment là se crurent autorisés à en appeler à l'impératif démocratique ne viennent pas aujourd'hui s'ériger en donneurs de leçons. Ils portent leurs responsabilités dans le climat politique délétère du moment.
Non la France n'est pas Tartuffe et n'a pas besoin de la haire et encore moins de la discipline. Nous n'en sommes plus à l'époque des Bourgeois de Calais venant implorer merci pieds nus, en chemise et la corde au cou.
Il y a d'autres urgences pour la France, à commencer par la réconciliation de celle-ci avec l'idée européenne.
Enfin, celle qui est encore présidente de la Région Poitou-Charentes dont la Cour de Cassation vient tout récemment de confirmer la condamnation prononcée par la Cour d'Appel de Rennes à verser à deux de ses ex employées des arriérés de salaires est-elle la première qualifiée pour venir à tout propos et hors de propos prôner la République du respect?
La France telle que la rêve ou croit la rêver l'ex candidate socialiste n'est pas la France. Lorsque celle-ci s'adonne à l'humiliation d'elle-même, elle ne fait rien de noble. Mais celle-ci, qui nous vient du fond des âges, assigne à ceux qui en sont les citoyens une mission plus grande encore: marcher fièrement vers l'avenir qu'elle s'est choisi, porter haut le flambeau de la Liberté, de l'Egalité et de la Fraternité.
La France à genoux pénitente et repentante est peut-être le modèle de civilisation de Ségolène Royal. Cela n'engage qu'elle même et aucunement ceux qui lui préfèrent une France debout et fière d'elle-même qui n'a de leçons à recevoir de personne dans le concert des nations.
Car c'est cette France, libre et fière, qu'ont voulu ceux qui dans des conditions bien plus tragiques que la crise actuelle l'ont remise debout en donnant tout d'eux-mêmes.

Aucun commentaire: