lundi 6 avril 2009

DÉMOCRATIE, JUSTICE ET LIBERTÉ

L'actualité récente a donné à voir les brutalités intolérables qui ont été perpétrées à Strasbourg à l'occasion du sommet de l'OTAN par des groupuscules armés de l'ultra-gauche décidés à pourrir l'expression démocratique et pacifiste d'une manifestation organisée par de nombreuses associations engagés dans le combat pour la paix dans le monde.
Quelle que soit l'appréciation que l'on peut porter sur le choix fait par le Président de la République de rayer d'un trait de plume l'indépendance voulue par le Général de Gaulle, il n'en demeure pas moins que depuis le second tour de l'élection présidentielle, pour les groupuscules antidémocratiques, l'intimidation des honnêtes gens par les destructions, tenant lieu de programme politique, fait peser sur la démocratie un risque certain.
Ceux qui par complaisance ou calcul politicien seraient tentés d'avoir pour l'ultra-gauche antidémocratique les yeux de Chimène prennent vis-à-vis des citoyens respectueux des lois de leur pays une très lourde responsabilité.
Les partis démocratiques doivent en ces circonstances condamner sans faiblesse aucune ni compromission idéologique les violences et les atteintes aux biens dont ont été victimes ces dernières heures les habitants de certains quartiers de Strasbourg envahis par des hordes antidémocrates venus saisir l'occasion de la présence de très nombreux chefs d'Etat et de Gouvernement pour se livrer à des exactions d'une rare sauvagerie.
Il n'est pas acceptable que dans un pays démocratique de telles violences à l'égard des personnes et des biens soient tolérées. Comme souvent en pareille circonstance, les victimes sont d'honnêtes gens qui ont travaillé pour acquérir leur patrimoine, ce sont des équipements collectifs qui sont visés. Plus que la culture de l'excuse à l'égard de ceux qui par leur action ou leurs propos insurrectionnels ont semé les germes de la sédition, c'est la solidarité matérielle et morale vis-à-vis des victimes qui doit s'exercer.
Les attaques récentes contre la sécurité des réseaux ferrés, les menaces réitérées de mort à l'égard des ministres, l'intimidation des populations civiles, le refus de la démocratie et des urnes, tout cela procède d'une même logique, celle précisément de saper les fondements des institutions démocratiques dont la France s'est souverainement dotée.
Les partis qui se réclament de la démocratie n'ont absolument aucun intérêt à laisser croire ne serait-ce qu'à l'idée qu'ils pourraient avoir une quelconque compréhension pour des actes de brutalisation et d'atteinte aux biens quand ceux-ci visent des citoyens respectueux des lois de leurs pays ainsi que les équipements collectifs.
La culture de l'excuse, la connivence intellectuelle à l'égard des responsables de ces actes délictueux commis ces jours-ci et croyant trouver un créneau de crédibilité politique en voyant dans la politique présidentielle la source de tous les maux passsés, présents, et futurs est politiquement dangereuse.
Depuis quelques années, chaque sommet de chefs d'Etats de l'Occident amène son lot de manifestations. Lorsque celles-ci sont pacifiques, lorsque les biens des citoyens qui se trouvent sur le parcours sont respectés, nous sommes encore dans la démocratie et l'exercice normal et raisonné de la liberté d'opinion et d'expression de celle-ci.
Lorsqu'au contraire des trublions spécialisés dans l'infiltration des manifestations viennent avec des barres de fer et autres armes par destination, lorsqu'ils se livrent sur les immeubles publics et les biens privés des honnêtes gens à d'inacceptables déprédations, la démocratie est bafouée dans son essence même.
Ce serait coupable faiblesse que de ne pas réagir. Sans le symbole du glaive de Thémis, la démocratie se condamne par elle-même à l'impuissance. Elle sape d'elle-même ses fondements par la complaisance malsaine à l'égard des ferments de sédition.



Le Glaive, Gardien de la Loi.

Fronton de l'une des entrées du Palais de Justice de Paris.

Dans son essence, la démocratie n'est pas la faiblesse, c'est ce que rappelle du reste Périclès, dans l'oraison funèbre aux premiers morts de la guerre du Péloponnèse:
"Notre régime politique ne se propose pas pour modèle les lois d'autrui et nous sommes nous-mêmes des exemples plutôt que des imitateurs. Pour le nom, comme les choses dépendent non pas du petit nombre, mais de la majorité, c'est une démocratie. [...] Malgré cette tolérance, qui régit nos rapports privés, dans le domaine public, la crainte nous retient avant tout de rien faire d'illégal, car nous prêtons attention aux magistrats qui se succèdent et aux lois, - surtout à celles qui fournissent un appui aux victimes de l'injustice, ou qui, sans être écrites, comportent pour sanction une honte indiscutée."
Thucydide, Guerre du Péloponnèse, II, 37.
Traduction: Jacqueline de Romilly,
professeur émérite des Universités,
Membre de l'Académie Française.










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