lundi 20 octobre 2008

SUR SAINT MAURILLE : SUITE

Erudition angevine: pourquoi les squelettes découverts dans les sarcophages de la place du Ralliement ne peuvent pas être le corps de Saint Maurille.
[DESCRIPTION DE L'EGLISE SAINT MAURILLE, par Péan de la Tuilerie]
Cette église est encore une collégiale composée de huit chanoines, dont les bénéfices sont conférés par l’évêque d’Angers, excepté la chantrerie et la prébende sacerdotale que présente le chapitre. Il y a aussi plusieurs chapelains et officiers choisis par les chanoines, ainsi que le curé, sous le titre de vicaire perpétuel ; car cette église collégiale est en même temps une paroisse dont le service s’est fait à part. Elle est fort bien décorée, et la nef est accompagnée de bas-côtés qui font deux grandes chapelles très anciennes. Nous conjecturons avec plusieurs auteurs que cette église, ainsi que celles de S. Pierre et S. Saturnin, depuis s. Maimbœuf, furent, dans leur origine, des chapelles bâties dans l’enceinte d’un vaste cimetière, qui renfermait la plus grande partie de la Chaussée S. Pierre d’un côté, et de l’autre, la place S. Maurille, et s’étendait en longueur jusqu’au delà de S. Martin.
Saint Maurille, évêque d’Angers, né à Milan de parents fort illustres, vers l’an 350, mourut le 13 septembre, jour de sa fête, l’an 430, âgé de 90 ans, comme quelques-uns l’ont écrit, et la 34ème année de son épiscopat. Son corps fut mis d’abord dans une voûte ou cave souterraine, qu’il avait faite faire pour l’inhumer ; elle est précisément sous le chœur de l’église dédiée à Notre-Dame, qui porte aujourd’hui son nom. Dans cette cave ou crypte qui est double, et où on ne descend aujourd’hui que très difficilement et avec une échelle, par une ouverture cachée sous les ponts où se mettent les chantres, il y a plusieurs grands tombeaux de pierre dure, fort anciens, dont l’un desquels élevé sur quatre piliers de trois pieds de haut servait d’autel où l’on célébrait souvent la sainte messe. Cette double cave est un morceau précieux et remarquable pour son antiquité pour être l’ouvrage de S. Maurille et pour les voyages qu’on y faisait autrefois aux fêtes de saint Jacques-le-Majeurs, de S. Jacques-le-Mineur, et de S. Benoît, évêque d’Angers. Les reliques de S. Maurille ne furent exposées à la vénération des fidèles que vers le commencement du huitième siècle. Peu de temps après, Charles-le-Chauve les fit transférer de cette église dans celle de Saint Maurice, où elles sont conservées dans une riche et magnifique châsse, pour marque de la dévotion des angevins envers ce très-saint prélat, à qui ils attribuent, avec le Martyrologe des Saints de France, l’institution de la fête de la Nativité de la sainte Vierge, qu’on appelle aujourd’hui Notre-Dame de l’Angevine, parce qu’il est probable qu’elle a été premièrement célébrée en Anjou, le 8 septembre.

Saint Benoît, évêque d’Angers, qui mourut, vers l’an 827, a aussi été inhumé dans la cave souterraine de S. Maurille. Les miracles qui se firent à son tombeau, obligèrent le clergé de transporter son corps dans une châsse, sur le grand autel de la même église où l’on garde séparément son chef qui est d’argent et plusieurs autres reliques. Il tint le siège épiscopal sous le règne de Louis-le-Débonnaire et pratiqua tout ce que l’on devait attendre d’un si saint évêque ; on en fait la fête le 15 juillet. Ce fut sous son pontificat que Théodulphe, évêque d’Orléans, fut emprisonné à Angers comme criminel d’État ; il y fit l’hymne Glorial, laus et honor, comme nous en avons parlé ci-devant.

Péan de la Tuilerie,
Description de la Ville d’Angers et de tout ce qu’elle contient de plus remarquable, augmentée de notes… par Célestin Port, p. 320-326. Angers, E. Barasssé, Imprimeur Libraire, 1869. Laffitte reprints, Marseille 1977.

Note de Célestin Port :
Les cryptes comprenaient quatre caves distinctes, dont trois sous le grand autel, chacune de 20 pieds de long sur 10 de large avec voûtes peintes, reposant sur des murs en ciment, relativement plus anciennes. On y descendait par un escalier de 12 marches, entre le sanctuaire et le chœur, recouvert d’une trappe de bois. Dans la première, quatre tombeaux à couvercle de pierre avec croix en relief à double croisillon formant bordure ; un des quatre tombeaux portait gravés les quatre animaux que vit Ézéchiel, et à un bout l’aigle et le bœuf avec le monogramme du Christ ; dans la seconde, moins longue mais plus large et éclairée par une fenêtre grillée donnant sur le jardin, un tombeau, long de huit pieds, élevé de deux pieds, reposait d’un bout sur deux petits piliers ; au-devant, une table d’autel où se célébrait autrefois la messe ; au bout, une petite statuette de Saint-Jacques-le-Majeur, en bois, mais ajouté postérieurement. C’est ce tombeau que Ménard prétendit être celui même de saint Jacques et qui pouvait bien plus probablement être accepté pour celui de saint Maurille. La troisième cave, à main droite, plus petite et obscure, contenait plusieurs tombeaux élevés, et par une porte murée, ouvrait, dit-on, sur un chemin souterrain qui communiquait avec Saint-Pierre. La quatrième cave, à gauche du maître autel, où menait un escalier distinct, renfermait quatre tombeaux, dont le plus curieux portait le monogramme du Christ, entre l’A et l’Ω. On y inhuma, au XVIe siècle, un Ménage, capitaine de cavalerie. Parmi les 14 tombeaux, on prétendait connaître ceux de Défensor, de saint Apothème, de saint Benoît, comme dans la muraille de l’église, à droite, celui de saint René, qu’on encensait aux grandes fêtes. Bruneau de Tartifume donne le dessin de ces antiquités, p. 356. Voir aussi Grandet, mss. 621, f. 139-141 ; Ballain, mss. 867, p. 571 ; Cl. Mesnard, mss. 875, t. II, p. 85.
in Péan de la Tuilerie, p. 323, op. cit.

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