lundi 7 décembre 2009

QUI PEUT EXCUSER LA FAUTE DE GOÛT DE SEGOLENE ROYAL?

En politique, il y a des choses qui se font, il y en a d'autres auxquelles la façon même de faire enlève toute crédibilité.
Alors que le Mouvement démocrate tient son congrès, la Présidente en exercice de la Région Poitou-Charentes choisit comme par hasard ce moment pour faire savoir au chef de file régional pressenti son offre publique de cinq places sur sa liste.
Rien dans la façon d'agir n'est convenable, tout simplement parce que la décence élémentaire veut que l'on ne vienne pas s'immiscer dans les affaires internes d'un parti quand il tient son congrès.
Que n'eût-on pas entendu si - pure hypothèse - le Président du Mouvement Démocrate, ou l'un de ses plus proches collaborateurs avait pris son téléphone portable pour expliquer aux socialistes quel(le) premier(e) secrétaire ils devaient élire?
Où est par ailleurs le respect dû aux électeurs, puisque s'il y a bien un moment dans la vie politique d'une région où ceux-ci choisissent, c'est bien le premier tour des élections? Or, le centre n'est pas comptable du bilan des présidents socialistes sortants des différentes régions. Rien que ce motif est un motif suffisant pour ne pas se sentir concerné par une offre intéressée de captation de candidatures et de suffrages.
Car lorsque l'on se présente dès le premier tour sur la liste conduite par le chef de l'exécutif sortant, cela revient à dire aux électeurs que l'on assume pleinement et complètement le bilan.
Ce n'est ni respectueux des votes des électeurs de 2004 qui ont précisément voté en connaissance de cause pour des candidats centristes, même unis à des listes conduites par un candidat de droite, et ce n'est pas respectueux des centristes démocrates d'aujourd'hui qui entendent se voir proposer au premier tour une offre suffisante de choix.
Il y a donc dans la manoeuvre inopportune de Ségolène Royal quelque chose qui est en soi inélégant et indigne des moeurs démocratiques. Cela tient tout simplement à la noble idée que l'on ne doit pas s'immiscer en quoi que ce soit dans les instances délibérantes d'un parti en monopolisant de l'extérieur l'attention médiatique et en donnant l'impression de vouloir peser du dehors sur les choix qu'il pourrait être amené à faire.
Ce n'est pas parce que d'aucuns lors des élections municipales ont choisi en parfaite connaissance de cause la sujétion pleinement assumée à des leaders socialistes que c'est un exemple transposable sans risques aux élections régionales.
Ceux qui seraient tentés en toute connaisance de cause de céder au chant de la sirène poitevine et plus généralement au chant des sirènes entendues a senestra parte ne devront pas par conséquent s'étonner de ce que pour leur parti l'indépendance s'éloignerait encore plus qu'il n'en fut pour Ulysse de la fuyante Ithaque.
Qui peut gager aujourd'hui que les électeurs authentiquement centristes qui n'ont pas monnayé leur loyauté envers le Modem auront toujours la fidélité de Pénélope si durant trop de nuits ils sont amenés à défaire la toile d'indépendance tissée le jour?
Faut-il rappeler à Ségolène Royal que la clef de la porte qu'elle a trouvé fermée un certain soir de 2007 n'est pas le seul apanage de celui devant l'appartement duquel, sans doute un soir de manque, elle se livra à une indécente sérénade?

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