mercredi 7 octobre 2009

NON AU PROJET DE REQUALIFICATION DES VOIES DES BERGES ET NON A L'HYPERDENSIFICATION.

Manifestement, il semblerait qu'il y ait des sujets qui déclenchent facilement l'irritation du Maire d'Angers. C'est du moins ce que l'on s'autorise à penser quand on voit la violence verbale avec laquelle il traite les objections de ceux qui osent émettre un point de vue contraire.
Sans doute le Maire d'Angers rêve-t-il d'une ville de sujets dont il pourrait s'amusait à dessiner un avenir de papier sans que ceux-ci aient leur mot à dire. Or en la matière, il ne s'agit pas de sujets mais de citoyens qui subiraient au quotidien les conséquences d'un rêve déconnecté du réel. Ce fantasme de ville sans automobile se heurte en effet au réel, celui des besoins de déplacements que jamais les transports en commun, si développés soient-ils, ou les modes alternatifs ne pourront satisfaire.
Un chef-lieu de département n'est pas n'importe quelle ville, et c'est d'autant plus vrai qu'il entend jouer dans la cour des métropoles.C'est dire si les voie de communication doivent non seulement répondre aux besoins de ses habitants mais aussi aux besoin de tous ceux que les raisons du travail ou des lloisirs conduisent vers la cité du Roi René.
Prévoir l'avenir d'une ville ce n'est pas s'amuser à des jeux virtuels. C'est mettre dès aujourd'hui l'agglomération en capacité de répondre aux besoins de déplacement.
Qu'on arrête donc de se payer de mots et d'enrober d'une phraséologie ampoulée ce qui en réalité cache les vrais enjeux.
La vision de Monsieur Antonini procède d'une conception malthusienne de la vie sur terre, et de l'organisation de l'habitat urbain, un peu comparable aux visions d'apocalypse des membres du club de Rome dans les années soixante-dix. Déjà à cette époque, ces oiseaux de mauvais augure prédisaient l'assèchement des puits de pétrole à l'horizon 1980. L'histoire leur a donné tort. C'est dire si tabler sur la raréfaction des déplacements est un bien mauvais calcul. D'abord parce que le développement des transports en commun n'amène presque jamais de report modal, mais simplement des déplacements en plus. Ensuite parce que l'on peut imaginer que dans la décennie à venir, le génie industriel aura développé des moteurs électriques pour automobiles. Il faudra donc permettre à ces flux automobiles qui n'auront pas diminué de s'écouler efficacement et rapidement.
La question du devenir de la voie sur berges ne concerne pas la seule ville d'Angers car le statut de chef-lieu départemental implique des servitudes devant lesquelles les lubies bourgeois-bohème devraient avoir la dignité de s'effacer.

Non Monsieur Antonini, ne peut ni ne doit disposer à lui tout seul de l'Avenir d'Angers.
Surtout quand il doit  sa réélection à si peu et sur des considérations où les enjeux locaux ont été parasités par des questions extrinsèques à l'élection municipale. Cela devrait inciter à davantage de modestie et surtout au respect des électeurs qui se sont reconnus dans le programme alternatif proposé par Christophe Béchu, Michelle Moreau, Laurent Gérault, Hervé Carré et la liste Choisir l'Avenir.
A travers les propos inutilement agressifs visant la contradiction apportée par son prédécesseur et son adversaire, ce sont les électeurs qui ont accordé leurs suffrages à la liste Choisir l'Avenir qui peuvent légitimement se sentir offensés.

L'avenir d'une ville ne se réduit donc pas des jeux de maquettes et de coûteuses images virtuelles commandées à des cabinets d'architectes parisiens. L'avenir d'Angers, ce sont les nécessités de déplacement pour  travailler, pour faire ses achats, se distraire. L'on peut penser tout le mal que l'on veut de l'étalement urbain, prôner une dangereuse hyperdensification, mais les choix de vie de nos concitoyens ont dessiné une carte du paysage qui implique de nombreux déplacements. Sauf à vouloir clouer les gens devant leur téléviseur pour se repaître de programmes abrutissants pendant que les happy few du centre-ville se pâmeraient devant une ville vide, se réservant entre soi les équipement culturels et les commerces auxquels les habitants de la périphérie n'accèderaient qu'au prix d'un temps de déplacement comparable à ce qu'il était à l'époque des diligences, le quotidien des gens est qu'ils ne vivent pas, ne travaillent pas, et ne se distraient pas au même endroit. L'on peut rêver à l'infini de la place du village avec des gens travaillant et vivant au même endroit, ou du bourgeois urbain exerçant sa profession libérale au lieu même où il habite.
Ce modèle n'est plus. Quel avocat accepterait aujourd'hui de dormir dans la pièce d'â côté de son bureau et de recevoir ses hôtes dans celle d'en face? Quel médecin accepterait de voir sa vie de famille sans arrêt perturbée parce que vivre au même endroit qu'il a installé son cabinet empêche de fait toute coupure physique avec la profession?
Le 20ème siècle et l'avénement irréversible de la mobilité ont façonné le visage de nos villes de manière pérenne.
Pour nombre de nos concitoyens, se déplacer en automobile est une nécessité, tout simplement parce que faire autrement n'est pas possible, tant les investissements dans des transports en communs suffisamment nombreux et cadencés sont hors de portée des capacités financières des collectivités.
Serait-ce trop demander de cesser de parler de "bagnole", terme à connotation vulgaire et péjorative, qui induit un jugement défavorable implicite sur ses utilisateurs?  Est-ce impossible dans une démocratie qui se veut apaisée de traiter autrement que par la grossièreté langagière les projets de ses adversaires et dionc les convictions de leurs électeurs?
La manière dont le maire d'Angers aborde ce dossier de la voie des berges est une fois de plus révélatrice du déficit de démocratie dans l'information, et la décision, parce que tout cela procède d'une démarche qui n'est pas honnête.
L'on part d'une option déjà décidée à l'avance, comme pour le tracé du tramway, et l'on cherche à faire plier tout le reste à un choix dicté par autre chose que le désir de penser à l'avenir d'Angers.
A tel point que l'on se demande si ce nuisible projet de requalification des Voies sur Berge n'est pas un Cheval de Troie destiné en réalité à faire passer un énième programme d'hyperdensification. Faudra-t-il en plus voir notre belle ville hérissée de tours de dix étages et plus, y compris à proximité du château et de la Maine?

Enfin, nous ne pouvons pas passer ce détail sous silence, car elle est parfaitement révélatrice de la vision des choses d'une frange de la gauche, celle selon laquelle les jeunes doivent obligatoirement être écolos, hostiles à l'automobile, ne pas faire de politique, ne pas être élu avant d'être à l'âge de la retraite.
Il en est des hommes politiques comme de toute profession. Il y a un temps pour tout, le temps de l'action, et le temps de l'otium, c'est-à-dire le temps libre que l'on se donne. Cela suppose d'avoir su passer le témoin et de ne pas céder à l'usure du pouvoir qui isole de tout.
Monsieur le Maire aurait rendu un grand service à Angers s'il ne s'était pas représenté. La vie démocratique de notre cité gagnerait certainement valeur ajoutée citoyenne si la mairie se décidait à se mettre véritablement à l'écoute, ce qui suppose de renoncer définitivement à la culture de la décision imposée.
Le temps n'est plus des politiques prétendant décider en leur lieu et place ce qui est bon pour leurs administrés.
Tout simplement parce que les citoyens qui seront les payeurs ont le droit de savoir ce qui sera fait de leur argent. Et en des périodes de rareté des deniers, on ne peut pas se payer le luxe insolent de financer sur des deniers publics des projets aberrants, et dangereux pour l'avenir de leur ville.
Nous que notre âge rend plus proche chaque jour du terme de l'existence terrestre, nous devrions avoir à coeur de ne point léguer aux générations qui nous suivront une ville asphyxiée parce qu'on aura bouché la voie des berges.
L'effet en serait aussi dramatique que si dans un corps vivant on décidait de diviser par deux le débit de l'artère aorte.
Il est en notre devoir d'éviter ce scénario catastrophe, et c'est pourquoi nous devons conserver la voie des Berges telle qu'elle est.