Voilà un sage précepte ignoré de la Dame du Poitou. A l'heure où s'ouvrent les Francofolies de la Rochelle, la présidente de Poitou-Charentes s'émeut de la présence d'Orelsan à cette manifestation et menace les structures organisatrices de leur couper les subventions.
Une fois de plus ni la forme ni le fond ne conviennent.
Sur la forme tout d'abord, exercer un chantage à la subvention revient à s'octroyer pour la présidente de Poitou-Charentes le droit de décider du bien et du mal dans le monde de l'art.
On peut penser ce qu'on veut du rap et des chansons d'Orelsan, mais comme le rappeur s'en est expliqué, sa chanson "Sale p..e", qui avait ému les associations féministes, il s'agit d'une fiction.
Ce n'est donc pas la réalité, car, sinon, ce serait quantité d'oeuvres d'art qu'il faudrait retirer des musées, des livres qu'il faudrait livrer aux bûchers des autodafés.
Or dans une démocratie, les pouvoirs publics s'honoreraient en s'abstenant d'intervenir dans ce qui relève de la liberté de création, de diffusion et de représentation. Autrement dit, cela revient à poser pour principe que la puissance publique n'a pas compétence en matière de définition des contenus.
Certes de nombreuses structures d'organisation d'événements perçoivent des financements publics, sous la forme de subvention, mais cela n'autorise pas pour autant les instances subventionnantes à intervenir dans les contenus, à partir du moment où les seuls critères qui justifient l'octroi de subvention sont l'aide à la création, à la diffusion, la participation des événements au rayonnement du territoire, entendu au sens large en raison des retombées pour l'économie locale des fréquentations festivalières.
Qu'en est-il exactement?
Orelsan avait il y a deux ou trois ans diffusé le clip suivant, puis à l'occasion du printemps de Bourges, il s'était expliqué.
Mais à la différence des Francofolies, le Printemps de Bourges n'avait pas déprogrammé le rappeur.
Ce qui s'est passé à La Rochelle, avec l'intervention de Ségolène Royal laisse planer des relents assez désagréables.
Tout d'abord, rien que le fait qu'un responsable politique s'octroie le droit de définir le bien et le mal en art. En serions-nous revenus à l'époque de Flaubert et de Baudelaire? A cette époque, le procès intenté à ces deux écrivains avait défrayé la chronique, et deux siècles après, les réquisitions du procureur impérial sont analysées pour ce qu'elle sont : le produit de l'ordre bourgeois avec ses idées étriquées. Ségolène Royal ne fait pas mieux aujourd'hui, fût-ce au nom de l'ordre juste et du politiquement correct.
Ensuite, lorsque l'on fait un tel chantage à la subvention, on invite implicitement l'organisateur d'événements à s'auto-censurer. La démocratie peut-elle s'accommoder de telles pratiques qui évoquent les régimes où les seuls arts ayant droit de cité sont ceux qui exaltent les valeurs politiques du moment ou du pouvoir en place?
Enfin, dans l'idée même de censurer, il y a la conception sous-jacente que le citoyen n'est pas lui-même en mesure de se faire son propre jugement, à tel point qu'il faille le préserver de ce qui pourrait être dangereux. Ségolène Royal ne serait-elle pas une fois de plus encore en train de confondre un public adulte ou adolescent, avec des petits enfants dont il faut surveiller les lectures? Heureusement à l'heure d'Internet, ce genre de rodomontades au nom de l'ordre juste, ces gesticulations puritaines d'un autre âge sont ce qu'ils sont : un coup d'épée dans l'eau.
Une fois de plus ni la forme ni le fond ne conviennent.
Sur la forme tout d'abord, exercer un chantage à la subvention revient à s'octroyer pour la présidente de Poitou-Charentes le droit de décider du bien et du mal dans le monde de l'art.
On peut penser ce qu'on veut du rap et des chansons d'Orelsan, mais comme le rappeur s'en est expliqué, sa chanson "Sale p..e", qui avait ému les associations féministes, il s'agit d'une fiction.
Ce n'est donc pas la réalité, car, sinon, ce serait quantité d'oeuvres d'art qu'il faudrait retirer des musées, des livres qu'il faudrait livrer aux bûchers des autodafés.
Or dans une démocratie, les pouvoirs publics s'honoreraient en s'abstenant d'intervenir dans ce qui relève de la liberté de création, de diffusion et de représentation. Autrement dit, cela revient à poser pour principe que la puissance publique n'a pas compétence en matière de définition des contenus.
Certes de nombreuses structures d'organisation d'événements perçoivent des financements publics, sous la forme de subvention, mais cela n'autorise pas pour autant les instances subventionnantes à intervenir dans les contenus, à partir du moment où les seuls critères qui justifient l'octroi de subvention sont l'aide à la création, à la diffusion, la participation des événements au rayonnement du territoire, entendu au sens large en raison des retombées pour l'économie locale des fréquentations festivalières.
Qu'en est-il exactement?
Orelsan avait il y a deux ou trois ans diffusé le clip suivant, puis à l'occasion du printemps de Bourges, il s'était expliqué.
Mais à la différence des Francofolies, le Printemps de Bourges n'avait pas déprogrammé le rappeur.
Ce qui s'est passé à La Rochelle, avec l'intervention de Ségolène Royal laisse planer des relents assez désagréables.
Tout d'abord, rien que le fait qu'un responsable politique s'octroie le droit de définir le bien et le mal en art. En serions-nous revenus à l'époque de Flaubert et de Baudelaire? A cette époque, le procès intenté à ces deux écrivains avait défrayé la chronique, et deux siècles après, les réquisitions du procureur impérial sont analysées pour ce qu'elle sont : le produit de l'ordre bourgeois avec ses idées étriquées. Ségolène Royal ne fait pas mieux aujourd'hui, fût-ce au nom de l'ordre juste et du politiquement correct.
Ensuite, lorsque l'on fait un tel chantage à la subvention, on invite implicitement l'organisateur d'événements à s'auto-censurer. La démocratie peut-elle s'accommoder de telles pratiques qui évoquent les régimes où les seuls arts ayant droit de cité sont ceux qui exaltent les valeurs politiques du moment ou du pouvoir en place?
Enfin, dans l'idée même de censurer, il y a la conception sous-jacente que le citoyen n'est pas lui-même en mesure de se faire son propre jugement, à tel point qu'il faille le préserver de ce qui pourrait être dangereux. Ségolène Royal ne serait-elle pas une fois de plus encore en train de confondre un public adulte ou adolescent, avec des petits enfants dont il faut surveiller les lectures? Heureusement à l'heure d'Internet, ce genre de rodomontades au nom de l'ordre juste, ces gesticulations puritaines d'un autre âge sont ce qu'ils sont : un coup d'épée dans l'eau.
Ne nous y trompons pas. Lorsque dans une démocratie, on commence par trouver acceptable de soumettre l'expression artistique à une certaine conception de la morale, on prépare insidieusement les esprits à accepter d'autres renoncements à d'autres libertés. Est-ce donc ce chemin-là que Ségolène Royal voudrait voir suivi par la France, patrie de la Liberté, de l'Egalité et de la Fraternité?
Alors voici les pièces à convictions, tout d'abord le clip d'Orelsan.
ensuite, l'explication qu'il a donnée depuis:
Interrogé au moment du Printemps de Bourges, François Bayrou avait défendu le rappeur, et rappelé que selon lui, soit on se situe du côté de la censure, soit du côté de l'absence de censure:
Bayrou: "Je suis contre la censure d'Orelsan"
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1 commentaire:
La réaction de Bayrou au Printemps de Bourges m'avait échappée et elle complète bien mon billet d'hier. Merci Philippe.
http://exigencedemocratique.blogspot.com/2009/07/sale-pute-messieurs-mesdames-les.html
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