lundi 3 octobre 2011

UN PRÉSIDENT DE GAUCHE A LA TÊTE DU SÉNAT, UNE NOUVEAUTÉ ? PAS TANT QUE CELA ...

L'actualité de la semaine a remis sous les feux de la rampe médiatique la vénérable institution républicaine qu'est le Sénat.

L'élection attendue d'un président du Sénat appartenant au parti socialiste n'est pas une raison pour oublier l'histoire.

Que le vulgum pecus ignore l'histoire, passe encore, mais que les commentateurs politiques aient si peu de connaissances en histoire contemporaine est affligeant.

Déjà sous la Cinquième République, le Sénat fut présidé par un homme de gauche, Gaston Monnerville, pur produit de l'élitisme républicain. http://www.senat.fr/evenement/archives/D23/intro.html. L'on remarquera simplement qu'il était alors possible de naître à Cayenne et que cela ne conduisait pas à se heurter à un plafond de verre et n'empêchait pas de suivre le cursus honorum qui du barreau conduisait au plateau celui qui en avait les talents.

Gaston Monnerville



Il est aussi une figure dont le président nouvellement élu du Sénat aurait pu revendiquer le patronage, c'est Jules Jeanneney, qui présida le Sénat de 1932 à 1940 et fut l'un des ministres du général de Gaulle dans le gouvernement provisoire de septembre 1944 à novembre 1945. Lors de la débâcle de mai-juin 1940, il fut de ceux qui défendirent le départ des institutions de l'Etat en dehors de la France occupée, pour pouvoir continuer la lutte depuis Alger. Les événements tragiques et la pression des partisans de l'armistice ne le permirent pas. Après le vote de celui-ci, auquel il ne prit point part en sa qualité de président de l'Assemblée nationale (nom donné sous la troisième République à la Chambre des Députés et au Sénat lorsqu'ils étaient réunis soit à Versailles pour l'élection du président de la République, soit pour modifier les lois constitutionnelles sous la présidence du Président du Sénat), il ne cessa de défendre le maintien des assemblées s'opposant ainsi à Pierre Laval partisan de la mise en congé du Parlement. http://www.senat.fr/senateur-3eme-republique/jeanneney_jules1206r3.html .



Cet oubli de notre histoire contemporaine et des similitudes qu'elle présente par rapport à notre époque est préoccupante, car un pays qui oublie son histoire se laisse trop soumettre au primat de l'actualité et à l'arrogance infatuée des communicants de tout acabit dont on peut légitimement se demander à quelle date ils ont consulté pour la dernière fois un manuel d'histoire ou interrogé des bases de données documentaires sérieuses. 

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