Aujourd'hui la France se souvient.
Voici quatre-vingt-dix ans maintenant retentissait dans la clairière de Rethondes le clairon de l'armistice.
Après quatre ans de combats meurtriers, la France retrouvait l'Alsace et la Lorraine spoliées en 1871.
Ces monuments aux morts dont les pierres égrènent la litanie des noms de ceux qui sont morts au champ d'honneur pour que notre patrie fût libre ont servi d'instruction civique vivante à des générations de petits français.
Il n'est pas une famille qui n'ait été touchée. Pas un village qui n'ait fourni sa part et au delà de jeunes gens dans la fleur de leur âge.
Vingt ans après une autre guerre amenait le monde à connaître les pires barbaries de son existence, le génocide planifié au nom de la race ou de la religion, et faisait de l'atome un instrument de massacre.
Renoncements, atermoiements, crise économique, désignation de boucs-émissaires ont certainement préparé le terrain sur lequel la bête immonde du totalitarisme jeta ses crocs funestes.
Et pourtant en ce onze novembre, depuis fort longtemps, les chrétiens fêtent Saint Martin, ce soldat de l'armée romaine, qui, ayant à peu près l'âge des plus jeunes soldats de la première guerre mondiale, avait partagé son manteau avec un pauvre crucifié par le froid. La nuit suivante, Jésus apparaissait en songe à Martin vêtu de ce même manteau donné au pauvre.
Que peut-on proposer de plus éclatant comme signe de paix. Martin donne au pauvre tout ce qui lui reste, car dans les règles de l'armée romaine d'alors, le soldat n'est propriétaire que de la moitié de son manteau, l'autre appartenant à l'empereur. Martin ne pouvait pas disposer à sa guise de la part impériale, mais il pouvait donner ce qui lui appartenait en propre.
Martin a tout donné.
Ces soldats dont les noms sont inscrits sur nos monuments, et les inconnus qui n'ont jamais été identifiés ont tout donné, ont donné ce qu'ils avaient de plus précieux, leur propre vie.
Leur mémoire mérite respect.
"Ceux qui pieusement sont morts pour la patrie
Ont droit qu'à leur cercueil la foule vienne et prie."
Victor Hugo
Ce même jour du 11 novembre 1918, Georges Clemenceau, Président du Conseil, après avoir lu in extenso devant la Chambre des Députés le texte de la convention d'armistice, rendait hommage aux combattants et aux armées.
"Grâce à eux, la France, hier soldat de Dieu, aujourd’hui soldat de l’humanité, sera toujours le soldat de l’idéal ! "
Texte intégrale des minutes de la séance: http://www.assemblee-nationale.fr/histoire/clemenceau/clem4.asp
A Angers, sous un soleil d'été de la Saint Martin, après la messe pour la paix célébrée en la Cathédrale par notre évêque Mgr Delmas, les autorités civiles et militaires ont honoré de leur présence la cérémonie traditionnelle au monument aux morts de la Place Leclerc, que les plus anciens angevins avaient appris à appeler Champ de Mars.
Ut pacem desideramus, sic parati ad illam defendendam esse debemus.
De même que nous désirons la paix, de même devons-nous être prêts à la défendre.