mardi 6 octobre 2009

LE DEVELOPPEMENT DURABLE OU LES FAUX-SEMBLANTS DE L'AGGLO ANGEVINE

On sait depuis longtemps que la mode du verdissement, ce que dans le jargon de la com' angl-saxonne on appelle greenwashing n'a d'intérêt pour une certaine sphère bobo-socialo-écolo que d'être une sorte d'attrape-tout surfant sur les modes du moment.
C'est aussi par le biais des coûteuses études fertiles en imagerie de synthèse et langue de bois un moyen efficace de drainer les finances publiques vers des officines à rêve passées maîtresses dans l'art de faire avaler des projets farfelus aux élus.
Les ingrédients sont simples. De la com', toujours de la com', rien que de la com', confiée à des agences parisiennes, de préférence les plus chères possibles, parce que ça flatte les édiles locaux qui s'imaginenet un temps traiter à l'égal de leurs homologues parisiens.
Donc, plus c'est cher, plus ça parle pour ne rien dire, et plus ça s'exprime dans une novlangue inutilement prétentieuse, mieux c'est, un peu comme le petit livre rouge des élections municipales nous en avait donné l'avant goût avec les titulatures ronflantes des adjoints (la ville bien gérée, la ville de l'art d'être ensemble, la ville de la mobilité, la ville éducatrice...où la vacuité des mots le dispute à l'insignifiance la plus absolue).
Serait-ce trop attendre des élus qu'ils sortent de leur tour d'ivoire pour prêter attention aux choses d'en bas.
En matière de déplacements urbains, il y a paraît-il trois sujets tabous à Angers : le tramway; la voie des Berges; la liaison Sud (boulevard? rocade???).
Concernant le premier sujet, alors que le quotidien ce sont les travaux, les sens de circulation qui changent sans arrêt, les difficultés de stationnement, les commerce qui ferment en centre-ville faute de pouvoir passer même à pied sans risque d'y choir comme rue de la Roë, l'agglomération d'Angers dans le dernier numéro de propagande, l'avant-propos du maire, la rubrique tour d'horizon donnent dans le triomphalisme.
C'est alors que nous sommes saisis d'une crainte, car tant d'insistance à dire que tout va bien est un peu suspecte, et laisse justement penser le contraire: retards des travaux, car la rue de la Roë n'a pas fini de livrer toutes ses surprises, l'obligation de modifier substantiellement le détail du projet sur tel ou tel secteur comme par exemple la rue de Létanduère entraînera une nouvelle enquête publique.
La voie des berges, et sa requalification, semblent être pour Jean-Claude Antonini la quête d'un Graal toujours fuyant et heureusement. Nous n'osons imaginer ce que serait cette pénétrante réduite à une voie dans chaque sens, pourvue de ronds points, limité à 50 km/h. Autant dire qu'aux heures de pointes, ce serait un bouchon continu depuis le logis du roi de Pologne jusqu'à la trémie Ramon.
La palme du ridicule revient enfin à la justification de la liaison Sud.
Voici le verbatim des propos du maire d'Angers:
"Je ne peux ignorer la situation des habitants [NDR : ceux de la Roseraie] qui subissent cette circulation et les nuisances sonores qui en résultent. Ce serait aussi le moyen de bloquer l'étalement urbain et de protéger les zones horticoles de Sainte-Gemmes sur Loire."
On croit rêver, d'abord parce que chacun sait que quand on construit une nouvelle route, ce n'est pas simplement un exutoire à voitures pour délester un autre quartier d'une partie des flux, cela signifie qu'on a des vues sur l'aménagement futur des zones au travers desquelles passeraient cette hypothétique axe. Veut-on insidieusement préparer les esprits à subir une nouvelle vague d'hyperdensification? Quant à la protection des zones horticoles, quand on regarde les plans de ce projet, précisément, cette nouvelle voie réduirait la surface dédiée à l'activité horticole. C'est précisément le contraire qui se produirait, car chaque phase d'extension de la ville d'Angers vers le Sud s'est accompagnée précisément d'un recul de l'activité agricole et horticole. Le nom même de la Roseraie n'est plus que le souvenir d'une activité jadis florissante, avant qu'elle ne devienne un des exemples d'urbanisme hyperdensifié, erreur qu'il faudrait avoir la sagesse de ne jamais recommencer. Il n'y a pas si longtemps, avant le classement en zone franche de Belle-Beille, des vaches paissaient encore dasn les prairies sises face aux usisnes Bull ou sur les plateaux de la Mayenne.
Or, le choix d'hyperdensification est en soi source de potentielles déconvenues: augmentation des déplacements, développement de ghettos, si la construction de nouveaux grands ensembles n'est pas accompagnée d'une politique forte de mixité sociale.
C'est dire, si même repeint en vert, l'urbanisme contemporain, avec ses choix d'hyperdensification, fait courir le risque aux villes qui en deviennent les adeptes, de problèmes sociaux qu'un minimum d'esprit d'apercevance aurait normalement dû éviter.
Alors oui, c'est exact, avec les projets en matière d'aménagement du territoire portés avec si peu de conviction par l'agglomération, c'est l'agglomération dans son ensemble qui va droit dans le mur, parce qu'à un moment donné ou à un autre, il faudra payer les additions.
Les générations actuellement aux postes de décideurs n'ont absolument pas le droit de faire peser sur les épaules des générations montantes une dette encore plus lourde.
Les commodités de circulation, voie des Berges comprise, c'est-à-dire une pénétrante rapide à 2 fois deux voie, constituent un héritage dont nous n'avons que l'usufruit, et qu'il convient d'entretenir, non de détruire pour satisfaire de bien fumeux désirs d'avenir, plus exactement de fantasmes.
Or les Angevins n'ont pas besoin qu'on les repaisse de fantasmes, ils attendent une politique volontariste, et qu'enfin Angers se donne les moyens de renouer avec sa tradition entrepreneuriale. Cela suppose de remiser le ronron quotidien au vestiaire.
Cela suppose aussi d'avoir le courage de dire non à des projets inutiles et fumeux, pour se consacrer enfin à la seule politique qui vaille: celle du réel.
Or l'aménagement d'une ville n'est pas une question de droite ou de gauche, ni même une question verte ou centriste, c'est aux citoyens de prendre la parole et d'oser débattre des sujets qui les concerneront au premier chef dans les années à venir, car les usagers de la voie des berges, par la force des choses de la vie, ne seront pas demain ceux qui aujourd'hui les vouent aux gémonies au nom d'une fausse idée du développement durable, réduit au rang d'accessoire de mode pour tenter de faire passer un projet dont on se demande si ceux qui le promeuvent y croient vraiment;