mercredi 15 juillet 2009

RAILS ET RAILLERIES

Apparemment, leur arrivée n'a pas fait beaucoup de bruit. Il est vrai que la trêve estivale qui vide Angers d'une bonne partie de ses habitants et les vacances limitent aussi le flot de circulation.
Même si son tracé restera marqué par un péché originel sur lequel il est désormais impossible de revenir : passage par la place du Ralliement et surtout par la rue de la Roë si étroite que cela a imposé la construction d'une voie unique, obligeant ainsi le tramway descendant vers la Maine que celui montant vers le Ralliement l'ait croisé sur la dite place ; refus incompréhensible de faire passer la première ligne par le quartier universitaire de Belle-Beille, au profit de la banlieue la plus riche de l'agglomération, le tramway d'Angers se construit. Cela dit, rien ni personne ne pourra obliger ceux qui avaient privilégié une autre option de tracé d'emprunter ce moyen de transport sur la partie du tracé qu'ils n'ont pas validé. Heureusement qu'il restera toujours possible de descendre à Foch Maison Bleue, prendre un bus de correspondance ou descendre à pied vers Saint-Serge Université. C'est ce que nous ferons personnellement pour ne jamais avoir à passer en tramway par la rue d'Alsace, la Place du Ralliement, la rue de la Roë, la rue Boisnet.


Comme en catimini, sans tambour ni trompettes, sans fleurs ni couronnes, les premiers rails ont donc été posés ces jours-ci et sont donc visibles rue du Haras.


Petit clip vidéo ajouté le 16 juillet 2009:



mardi 14 juillet 2009

NE CONFONDONS PAS FICTION ET REALITE

Voilà un sage précepte ignoré de la Dame du Poitou. A l'heure où s'ouvrent les Francofolies de la Rochelle, la présidente de Poitou-Charentes s'émeut de la présence d'Orelsan à cette manifestation et menace les structures organisatrices de leur couper les subventions.
Une fois de plus ni la forme ni le fond ne conviennent.
Sur la forme tout d'abord, exercer un chantage à la subvention revient à s'octroyer pour la présidente de Poitou-Charentes le droit de décider du bien et du mal dans le monde de l'art.
On peut penser ce qu'on veut du rap et des chansons d'Orelsan, mais comme le rappeur s'en est expliqué, sa chanson "Sale p..e", qui avait ému les associations féministes, il s'agit d'une fiction.
Ce n'est donc pas la réalité, car, sinon, ce serait quantité d'oeuvres d'art qu'il faudrait retirer des musées, des livres qu'il faudrait livrer aux bûchers des autodafés.
Or dans une démocratie, les pouvoirs publics s'honoreraient en s'abstenant d'intervenir dans ce qui relève de la liberté de création, de diffusion et de représentation. Autrement dit, cela revient à poser pour principe que la puissance publique n'a pas compétence en matière de définition des contenus.
Certes de nombreuses structures d'organisation d'événements perçoivent des financements publics, sous la forme de subvention, mais cela n'autorise pas pour autant les instances subventionnantes à intervenir dans les contenus, à partir du moment où les seuls critères qui justifient l'octroi de subvention sont l'aide à la création, à la diffusion, la participation des événements au rayonnement du territoire, entendu au sens large en raison des retombées pour l'économie locale des fréquentations festivalières.

Qu'en est-il exactement?
Orelsan avait il y a deux ou trois ans diffusé le clip suivant, puis à l'occasion du printemps de Bourges, il s'était expliqué.
Mais à la différence des Francofolies, le Printemps de Bourges n'avait pas déprogrammé le rappeur.
Ce qui s'est passé à La Rochelle, avec l'intervention de Ségolène Royal laisse planer des relents assez désagréables.
Tout d'abord, rien que le fait qu'un responsable politique s'octroie le droit de définir le bien et le mal en art. En serions-nous revenus à l'époque de Flaubert et de Baudelaire? A cette époque, le procès intenté à ces deux écrivains avait défrayé la chronique, et deux siècles après, les réquisitions du procureur impérial sont analysées pour ce qu'elle sont : le produit de l'ordre bourgeois avec ses idées étriquées. Ségolène Royal ne fait pas mieux aujourd'hui, fût-ce au nom de l'ordre juste et du politiquement correct.
Ensuite, lorsque l'on fait un tel chantage à la subvention, on invite implicitement l'organisateur d'événements à s'auto-censurer. La démocratie peut-elle s'accommoder de telles pratiques qui évoquent les régimes où les seuls arts ayant droit de cité sont ceux qui exaltent les valeurs politiques du moment ou du pouvoir en place?
Enfin, dans l'idée même de censurer, il y a la conception sous-jacente que le citoyen n'est pas lui-même en mesure de se faire son propre jugement, à tel point qu'il faille le préserver de ce qui pourrait être dangereux. Ségolène Royal ne serait-elle pas une fois de plus encore en train de confondre un public adulte ou adolescent, avec des petits enfants dont il faut surveiller les lectures? Heureusement à l'heure d'Internet, ce genre de rodomontades au nom de l'ordre juste, ces gesticulations puritaines d'un autre âge sont ce qu'ils sont : un coup d'épée dans l'eau.
Ne nous y trompons pas. Lorsque dans une démocratie, on commence par trouver acceptable de soumettre l'expression artistique à une certaine conception de la morale, on prépare insidieusement les esprits à accepter d'autres renoncements à d'autres libertés. Est-ce donc ce chemin-là que Ségolène Royal voudrait voir suivi par la France, patrie de la Liberté, de l'Egalité et de la Fraternité?

Alors voici les pièces à convictions, tout d'abord le clip d'Orelsan.



ensuite, l'explication qu'il a donnée depuis:




Interrogé au moment du Printemps de Bourges, François Bayrou avait défendu le rappeur, et rappelé que selon lui, soit on se situe du côté de la censure, soit du côté de l'absence de censure:


Bayrou: "Je suis contre la censure d'Orelsan"
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mardi 7 juillet 2009

ANGERS, PASSÉ , PRÉSENT, AVENIR

Suite à la démission de Christophe Béchu du Conseil Municipal d'Angers en raison de la législation sur le cumul des mandats, le groupe d'opposition Angers Choisir l'Avenir a désigné deux "leaders" en la personne de Marie-Claude Cogné et Laurent Gérault.
Notre conviction personnelle est qu'il est particulièrement heureux pour le Mouvement Démocrate, composante de la minorité du Conseil Municipal d'Angers, que notre Président Départemental puisse ainsi apporter une dose supplémentaire de visibilité orange au groupe Angers, Choisir l'Avenir, issu de la liste du même nom, pour laquelle la formation centriste s'était pleinement investie lors des élections municipales de mars 2008.
Nous ne doutons pas que le mandat que leur ont confié les 27083 électeurs qui se sont reconnus dans le projet de ville défendu par la liste Angers, Choisir l'Avenir continuera à être honoré et que l'oeuvre de rassemblement des Angevins autour d'une vision dynamique et entrepreneuriale de notre ville continuera à être le fil rouge pour les années qui nous séparent de 2014, et nous savons combien le temps passe vite.
Cependant, les perspectives pour Angers ne sont pas réjouissantes.
Nous mesurons chaque jour les effets combinés de la crise économique et des conséquences du choix d'un mauvais tracé pour le tramway. Au-delà des difficultés inhérentes à ce genre de travaux, les dommages collatéraux que nous ne cessons d'observer depuis l'année dernière démontrent la nocivité de ce choix : faillites commerciales - qui ne sont pas le seul fait de la crise économique; report visible de l'activité commerciale vers d'autres lieux que le centre-ville; modifications des flux de circulation et transfert de la majeure partie du transit des boulevards de petite ceinture vers la voie des Berges rendant aléatoire toute évaluation de l'incidence réelle du contournement autoroutier sur le flux qu'elle absorbe quotidiennement, rendant par conséquent bien imprudente toute hypothèse de calcul pour le choix de faire ou non la rocade Sud.
Lors d'un récent conseil municipal, le Maire d'Angers disait qu'il "avait une vision de la ville".
L'on peut théoriser indéfiniment sur la reconquête des rives, mais chacun sait que l'histoire d'Angers, depuis que le site existe, s'est faite au mieux, malgré la rivière, et toujours dos à la Maine, qui d'ailleurs marqua longtemps la frontière entre ce qui était la ville, et ce qui ne l'était pas.
Aucun des édifices publics civils d'Angers ne s'est jamais installé face à la Maine. C'est dire si contrairement à d'autres villes (Bordeaux, Paris, par exemple), la vie de la cité s'est définie dos à la rivière.
Cela n'a donc rien à voir avec la présence de la Voie des Berges, car la coupure de la ville en deux lui est bien antérieure. Du reste, une barrière d'octroi se trouvait jadis sur la rive gauche, au débouché du pont de la Basse Chaine. Cela signifie tout simplement que c'était l'entrée de la ville, jusqu'au temps où a subsisté l'octroi.
De ce passé, restent des habitudes et des symboles, et si l'on habite sur la rive droite, l'on a bien certes conscience d'habiter Angers, certes, mais quand on franchit la Maine, ne dit-on pas qu'on "va en ville" ou qu'on va "à Angers"? Il n'y a pas si longtemps d'ailleurs, les gens de la Cité considéraient ceux de la Doutre avec une condescendance certaine, leur faisant sentir sans paroles mais sans détours qu'ils n'étaient pas comme eux.
Il faut bien mal connaître Angers pour ne pas s'en rendre compte.
Tout récemment, et visiblement parce que le débat organisé par Graines d'Angers a peut-être provoqué un certain écho, voilà que notre maire, et quelques adjoints font paraître un communiqué exposant leurs vues sur la Rocade Sud, et présentent un projet a minima sans réfléchir davantage à l'opportunité de son emplacement, sous forme de voie à circulation apaisée (à 50 kilomètres).
Seulement, appelons cela comme on voudra, mais certainement pas rocade.
Nous n'avons pas de religion personnelle, sur cette question de la rocade sud, mais nous doutons personnellement de l'effet d'une telle voie, surtout si elle est destinée à servir d'exutoire ou de transit à un flux venu des réseaux à caractères autoroutiers. Lorsqu'on réduit la vitesse d'écoulement d'un fluide, on crée mécaniquement un bouchon en amont. Cela ne règle pas le problème, mais aurait tendance à l'aggraver.
Tout cela serait anecdotique si Angers avait la perspective à moyen terme de bénéficier d'un vrai réseau de tramway. Or les perspectives de construction d'une deuxième ligne deviennent pour Angers ce que fut pour Ulysse la fuyante Ithaque, à tel point que l'on sait dès à présent qu'un des points du programme pour lequel se sont prononcés une courte majorité des Angevins a d'ores et déjà rejoint le tonneau sans fond des promesses qui n'engagent que ceux qui ont eu la naïveté d'y croire.
Une ligne ne sera pas un réseau, et le choix fait pour son tracé induira des choix certainement très discutables pour la connexion des lignes de bus. Comment veut-on persuader les Angevins et ceux qui n'habitant pas la ville mais viennent y travailler d'utiliser les transports en commun si d'emblée est fait le choix d'un réseau étriqué, dont le tracé pour ce qui concerne la ligne de tramway n'a obéi qu'à un calcul politicien, si les perspectives de son développement à moyen terme ne sont pas l'objet ne serait-ce que d'un embryon d'amorce de réflexion citoyenne et partagée?
A l'heure où la gauche ne cesse de se gargariser de démocratie participative, il faudrait peut-être mettre en accord les idées et les actes. Que penser par exemple de cette idée débattue en catimini d'un impôt sur les ménages au bénéfice de l'agglomération? Le potentiel fiscal de l'agglomération dont la faiblesse est connue permet-il de décider à la légère d'un tel impôt?
Ne vaut-il pas mieux en temps de crise, reporter à plus tard les investissements qui ne seraient pas indispensables, donner l'exemple de la vertu d'économie, en restreignant par exemple les dépenses de communication dont nous savons qu'elles ne sont pas minces et en se donnant de vrais objectifs de justice sociale, qui éviteraient d'avoir à présenter comme un immense progrès social un gain moyen de 22 centimes par habitant (gain estimé du gel du tarif des services publics).