Le Tribunal Administratif de Nantes vient de rendre son jugement. Suite à un recours de l'Association Sauvegarde de l'Anjou, qui pointait notamment un manque de concertation et la contradiction des préconisations du Plan d'Urbanisme avec la volonté de Développement Durable affichée par l'Agglomération d'Angers, ainsi que la protection du patrimoine culturel bâti et le très controversé projet de rocade Sud.
Le détail des attendus de ce jugement ne sera connu que vendredi, mais on peut au moins se demander s'il ne faut pas voir dans la décision de la juridiction nantaise la sanction d'une méthode de gouvernance, la faillite d'un système.
C'est du moins ce que l'on peut penser à la lecture des réactions à chaud du Maire d'Angers - Président de la Communauté d'Agglomération s'en prenant à l'association initiatrice du recours, laquelle "en soulevant des arguties juridiques mineures a pris le risque de geler le développement de l'agglomération".
L'on peut éventuellement attribuer une telle réaction à la colère. Mais à la lecture de la réaction du Maire d'Angers, on est pris d'un étrange autant que soudain vertige. La juridiction administrative n'ayant pas l'habitude de se contenter d'arguties mineures pour retoquer un PLU, sans doute faut-il comprendre que les raisons sont en réalité majeures et que les arguments des plaidants suffisamment convaincants et étayés pour emporter la conviction des juges?
Dans le registre de la vindicte, le député-maire de Trélazé s'en prend aux associations. Verbatim des propos d'icelui cité par le Courrier de l'Ouest : "je dis que les associations sont des pyromanes criminelles".
Un tel écart de langage, assurément très offensant pour les associations et leurs bénévoles, est révélateur du malaise qui s'empare des édiles de la majorité à l'agglomération, pris il faut bien le dire la main dans le sac en train de mettre en pratique via le PLU une étonnante conception de la démocratie participative et de l'écoute des citoyens, sans compter les écarts qu'une fois de plus on ne manque pas de constater entre le discours sur le développement durable à grand coup d'Agenda 21 et de com' dispendieuse et la réalité qui sans ce coup d'arrêt de la justice administrative ouvrait de fait la voie à l'hyperdensification urbaine avec tous les risques que cela induit pour les grands équilibres sociaux, écoomiques et environnementaux.
Certes, nos communes ont d'énormes besoins en logement, comme le rappelle Laurent Gérault, conseiller municipal de la minorité, mais, ces besoins non satisfaits, rappelons-le résultent aussi du retard accumulé en dix ans sur Angers en matière de contructions neuves.
Il faut donc bien que des "erreurs importantes aient été commises", comme le dit Laurent Gérault pour que le tribunal administratif ait décidé l'annulation du PLU d'Angers-Centre.
Souhaitons que suite à cette décision la sagesse de Minerve prévale désormais pour l'Agglomération.
Peut-être même serait-il opportun pour la majorité municipale d'Angers et celle de l'Agglo en ce lendemain de 21 avril d'en tirer les conséquences y compris en redonnant la parole à l'ultime souverain qu'est le corps électoral?
En attendant, si la nouvelle est peut-être mauvaise pour Angers, le bien suprême qu'est la démocratie, laquelle ne doit pas être galvaudée, exigeait certainement ce rappel ferme d'un certain nombre de principes.
En attendant, ceux qui pas plus tard que l'année dernière répondaient avec une morgue hautaine aux objections de ceux qui s'étonnaient que l'on fît passer une ligne de tramway au milieu des champs où naguère paissaient les vaches en sont pour leurs frais et auraient mieux fait sans doute de tourner sept fois leur langue dans leur bouche.
En effet, d'ores et déjà la crise économique amène depuis quelques mois les promoteurs à différer sine die pour certains des projets de constructions aux Capucins et au plateau de la Mayenne, mais crise ou pas crise, l'annulation du PLU aurait eu le même effet. Et annulation du PLU ou pas, la crise a de toute façon les effets que l'on sait.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire