Morceau choisi: comment François Bayrou, agrégé de lettres, ancien ministre de l'éducation nationale juge le projet de réforme du lycée initié par l'actuel ministre Xavier Darcos.
La spécialité des ministres de l'éducation nationale, est hélas, qu'ils soient de gauche ou de droite, d'habiller de l'alibi pédagogique, les mesures destinées en rélaité à orchestrer l'économie des moyens, la raréfaction des enseignements de qualité, le déshabillage de Pierre au profit de Paul, sans que soit réellement posée la question des véritables besoins des élèves, des établissements, sans parler des conditions concrètes de travail de ses personnel.
Plus que jamais, si l'humanisme a un sens pour la société, cela passe par l'école, car sa vocation ne saurait se cantonner à la seule diffusion d'un savoir utilitariste.
En tant de crise, les disciplines d'humanité sont un plus sûr viatique que tout ce qui n'a pour seul argument de promotion que la mode éphémère du moment.
Merci François Bayrou d'oser dire ce que bien des enseignants pensent tout bas.
Pour le texte intégrale, suivre le lien :
Morceau choisi:
Le lycée, l’école maternelle, le RSA
C'est, pour moi, une occasion de vous dire, au passage, que je m'inquiète de ce que prépare la réforme du lycée. À savoir la semestrialisation du lycée, le découpage en modules, en unités de valeurs, en options auxquelles il serait loisible de renoncer après quelques mois. L'éphémère éducatif, il a une apparence : le lycée à la carte, le choix.
Je connais son apparence, je connais sa réalité et je connais ses conséquences. Sa réalité, c'est l'obligation de gagner des heures, de faire des économies et de diminuer le nombre d'heures d'enseignement effectivement délivrées devant les élèves. Mais sa conséquence -et c'est cela qui m'intéresse le plus- c'est que le savoir n'est plus considéré comme une continuité, une construction qui s'élabore au fil du temps et dont on sait que tout y participe à terme, même le cours que l'on trouvait ennuyeux sur le moment, et dont on s'aperçoit quelques années plus tard qu'en fait, il vous avait apporté quelque chose et que ce quelque chose vous aidait à comprendre autre chose.
Je regrette que l'on choisisse cette démarche d'acquisition de la culture qui est en fait une démarche sédimentaire, une démarche de compréhension progressive du monde. Je regrette que l'on choisisse de faire sortir le lycée de la culture de la durée pour le faire entrer dans la culture du zapping.
Cela nourrit pour moi deux inquiétudes. La première est culturelle et elle s'énonce simplement : le zapping est le contraire de la culture.
La deuxième est le risque social, car on sait bien à l'avance qui va s'obstiner dans le "menu large", soutenu par sa famille, avec des stratégies élaborées de parcours scolaires, et qui va renoncer tout de suite, alléger sans cesse son "menu", car les familles ne seront pas derrière pour expliquer l'intérêt de ces options que l'on va abandonner.
Pardon d'avoir fait cette remarque au passage, mais je trouve que le débat ne s'est pas noué autour de cette réforme du lycée, qui n'est pas un débat, selon moi, à périmètre corporatiste, mais un débat sur l'essentiel de ce que nous voulons transmettre à nos enfants.
Je connais très bien la culture du zapping. C'est le lycée américain qui est, par ses performances, le plus mauvais de tout le monde occidental. Après, il se rattrape, car les Américains ont une institution qui s'appelle le Collège et conduit vers des universités de haut niveau, payantes.
Je n'ai pas envie que l'on abandonne le lycée, dont je considère qu'il n'était pas, et de loin, ce qui marchait le plus mal dans le système éducatif français.
Je voudrais que l'on se tourne vers la base, vers le moment où les fondamentaux sont reçus et acquis, ce qui m'amène à vous dire que je ne comprends pas les attaques contre l'école maternelle, car, si nous étions normalement une société efficace, c'est à l'école maternelle que nous devrions faire porter l'essentiel de l'effort.
C'est, pour moi, une occasion de vous dire, au passage, que je m'inquiète de ce que prépare la réforme du lycée. À savoir la semestrialisation du lycée, le découpage en modules, en unités de valeurs, en options auxquelles il serait loisible de renoncer après quelques mois. L'éphémère éducatif, il a une apparence : le lycée à la carte, le choix.
Je connais son apparence, je connais sa réalité et je connais ses conséquences. Sa réalité, c'est l'obligation de gagner des heures, de faire des économies et de diminuer le nombre d'heures d'enseignement effectivement délivrées devant les élèves. Mais sa conséquence -et c'est cela qui m'intéresse le plus- c'est que le savoir n'est plus considéré comme une continuité, une construction qui s'élabore au fil du temps et dont on sait que tout y participe à terme, même le cours que l'on trouvait ennuyeux sur le moment, et dont on s'aperçoit quelques années plus tard qu'en fait, il vous avait apporté quelque chose et que ce quelque chose vous aidait à comprendre autre chose.
Je regrette que l'on choisisse cette démarche d'acquisition de la culture qui est en fait une démarche sédimentaire, une démarche de compréhension progressive du monde. Je regrette que l'on choisisse de faire sortir le lycée de la culture de la durée pour le faire entrer dans la culture du zapping.
Cela nourrit pour moi deux inquiétudes. La première est culturelle et elle s'énonce simplement : le zapping est le contraire de la culture.
La deuxième est le risque social, car on sait bien à l'avance qui va s'obstiner dans le "menu large", soutenu par sa famille, avec des stratégies élaborées de parcours scolaires, et qui va renoncer tout de suite, alléger sans cesse son "menu", car les familles ne seront pas derrière pour expliquer l'intérêt de ces options que l'on va abandonner.
Pardon d'avoir fait cette remarque au passage, mais je trouve que le débat ne s'est pas noué autour de cette réforme du lycée, qui n'est pas un débat, selon moi, à périmètre corporatiste, mais un débat sur l'essentiel de ce que nous voulons transmettre à nos enfants.
Je connais très bien la culture du zapping. C'est le lycée américain qui est, par ses performances, le plus mauvais de tout le monde occidental. Après, il se rattrape, car les Américains ont une institution qui s'appelle le Collège et conduit vers des universités de haut niveau, payantes.
Je n'ai pas envie que l'on abandonne le lycée, dont je considère qu'il n'était pas, et de loin, ce qui marchait le plus mal dans le système éducatif français.
Je voudrais que l'on se tourne vers la base, vers le moment où les fondamentaux sont reçus et acquis, ce qui m'amène à vous dire que je ne comprends pas les attaques contre l'école maternelle, car, si nous étions normalement une société efficace, c'est à l'école maternelle que nous devrions faire porter l'essentiel de l'effort.
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