vendredi 8 mai 2009

EN CE 8 MAI, N'OUBLIONS PAS L'EUROPE.


En cette année d'élection au Parlement Européen, les cérémonies de commémoration de l'armistice du 8 mai 1945 prennent un relief tout particulier.


Nos générations, celles des 20 à 40 ans, sont celles du maillon de transmission entre les derniers témoins qui ont vécu pendant la seconde guerre mondiale, et qui chacun peuvent avoir connu personnellement un déporté, un résistant, avoir entendu parler par l'un de leurs compagnons survivants de la geste héroïque en même temps que revêtue de l'ombre du secret qu'imposait alors les circonstances d'un frère ou d'un ami mort au combat, les armes à la mains pour qu'un jour notre pays soit libre, ou victime de la pire barbarie que l'homme ait jamais inventé.

Or, de telles barbaries n'ont pu voir le jour que parce qu'elle résultèrent de la collusion de la montée des totalitarismes, elle-même fruit de la crise et de l'exacerbation des nationalismes, et de mentalités parfois prêtes à ce que le venin de l'antisémitisme vienne annihiler tout esprit critique. Sans le sursaut de ceux-qui restèrent debout quand à Vichy on n'entrevoyait de salut pour la France qu'à condition d'être à genoux devant l'ennemi et à cultiver le mea culpisme cher à la Révolution Nationale, notre patrie ne serait pas ce qu'elle est. L'Europe non plus. Ce fut la lucidité de De Gaulle, des partisans et des résistants, des déportés de comprendre et de faire comprendre qu'il n'y avait de France que debout.

A l'heure où l'actualité de certain procès malgré le huis-clos qu'impose la loi semble montrer que l'un des mobiles des accusés était précisément l'antisémitisme, le devoir de mémoire n'en est que plus impérieux. Précisément parce que malheureusement "est encore fécond le ventre d'où sortit la bête immonde"(Brecht) et qu'il est des idées nuisibles dont jamais les peuples ne peuvent se dire définitivement vaccinés et prémunis.

A l'heure où, la crise aidant, il serait ô combien facile d'entonner le chant des sirènes du protectionnisme et du repli frileux, les cérémonies de commémoration nous rappellent comment s'est construite l'Europe.

Elle s'est construite sur la Paix, parce que les vainqueurs n'avaient pas dédaigné les vaincus. Parce que les ferments de construction de l'Europe étaient déjà là, enfouis au tréfonds des consciences de ceux à qui il appartenait de la construire, malgré des économies nationales qui étaient loin de connaître le niveau d'aisance des nôtres.


C'était aussi la condition sans laquelle il n'aurait pu y avoir de Progrès et de Prospérité durables.


Telle est la leçon, tel est le témoignage que nous ont transmis les pères fondateurs de l'Europe.


Pour nous autres croyants, la Paix est un don de Dieu. Elle nous est donnée sans mérite de notre part. Don gratuit, elle n'en est pas moins un don précieux, qu'il nous faut sans cesse faire fructifier, qu'il nous faut s'efforcer de propager partout où parlent encore les armes. Or si depuis soixante quatre ans les armes se sont tues en Europe, elles parlent encore aux portes de celle-ci. C'est dire la mission de l'Europe.


Par le seul fait que l'Europe a permis la Paix, il nous faut aimer l'Europe, comme on aime une personne, quand bien même à certains moments nous la jugeons horripilante, casse-pieds, ou quand nous pensons qu'elle est bien compliquée.

Ce n'est pas le moment de refaire l'injuste procès fait aussi bien au Traité Constitutionnel qu'au Traité Simplifié. Seulement l'Europe ne se construira pas sans les Européens. La démocratie en Europe ne saurait exister sans les peuples qui la constituent.


Cela aussi est une leçon du 8 mai, car si la démocratie a survécu, c'est parce qu'il s'est trouvé des gens qui étaient là, et qui ont fait ce que leur conscience leur dictait. C'est à eux que nous devons la survie de nos institutions démocratiques.

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