Hier soir lundi 15 juin, l'Association "Graines d'Angers" organisait un débat public à la Salle du Hutreau. Le lieu choisi était emblématique, étant donné le sujet du débat. En effet, c'est à deux pas de cette salle, sise dans un décor naturel propice à la respiration, aux portes de la ville que l'on prévoirait de faire passer la liaison Sud.
La salle était pleine, et de nombreux auditeurs debout. Cela témoigne à qui en douterait de l'importance du sujet, et aussi de la capacité de Graines d'Angers à susciter le débat.
Trois associations avaient répondu présent, le Camp de César, Stop Rocade, et Sauvegarde de l'Anjou.
En préambule, le président de l'association Graines d'Angers a expliqué comment ce débat s'organisait.
En premier lieu un exposé conduit par un cadre du Conseil Général, sur les données techniques, les calculs prévisionnels, l'estimation des besoins, leur évolution en fonction de la démographie, des autres moyens de transport.
Il ne s'agissait pas pour le département de venir exprimer une position, un choix, - cela étant la prérogative des élus -, mais d'apporter des données de réflexion.
Puis chaque association en est venue à exprimer son point de vue. Un journaliste, Yves Boiteau, assumait avec brio et autorité la fonction de modérateur.
On n'a pu qu'être surpris de l'absence de représentant d'Angers-Loire-Métropole, pourtant intéressée au premier chef. Et il y a tout lieu de supposer que cette absence résulte d'un choix délibéré, et peu honnête.
Outre l'attitude peu démocratique qui consiste à fuir le débat, se rajoute une certaine malhonnêteté, car, c'est à la demande de l'Agglomération que le Conseil Général, dans le cadre d'un dispositif co-décisionnel, en assume la maîtrise d'ouvrage.
Cette dérobade de l'Agglomération semble faire apparaître le double langage des édiles angevins. Bien sûr, pour la Com', on maintient les slogans sur le développement durable, mais lorsqu'il s'agit d'un projet comme celui-ci, projetant de faire passer une rocade à quelques centaines de mètres des habitations de la Roseraie, de réduire les surfaces agricoles et horticoles, les dernières qui subsistent à une si proche distance d'Angers, il y a de quoi s'interroger sur les choix de l'Agglomération, le projet et la vision de la ville qui les sous-tendent ou plutôt l'absence de vision cohérente.
L'on nous explique que cette liaison Sud est nécessaire pour la requalification des voies sur Berges, mais on est quelque peu dubitatif, quand on sait que cette liaison Sud aura pour exutoire le Pont de l'Atlantique, sur lequel passe déjà le flux de la pénétrante structurante qu'est la voie des Berges. La réduire à une voie dans chaque sens créera de toute façon des bouchons permanents.
L'on nous explique aussi que cette liaison Sud est nécessaire pour restructurer les actuels boulevards Sud, sur lesquels on se propose de mettre en place des trémies, c'est-à-dire de réaliser en secteur densément habité, l'équivalent de la Voie des Berges, ou peu s'en faut.
Mais tout cela, la Ville et l'Agglomération d'Angers se gardent bien de le dire, et semblent trouver un bien commode fusible en laissant le Conseil Général au charbon, en boudant l'invitation qui leur a été faite. C'est sans doute cela, la "chasse en meute"?
Or, malgré tout le savoir faire des cadres du Conseil Général, le sérieux des différentes hypothèses présentées, allant de la liaison Sud au grand contournement avec un pont vers Pruniers, on reste dubitatif, parce que tous les calculs et projections prennent pour acquis l'existence d'une 2ème ligne de tramway à l'horizon 2015.
Or selon les récentes déclarations du Maire d'Angers, il y a tout lieu de croire qu'à cette date, Angers n'aura encore qu'une ligne de tramway, ce qui ne saurait constituer un réseau de transports en commun en site propre.
Or, ce n'est pas une ligne qui va répondre aux besoins de mobilité grandissants des habitants de l'Agglomération. Les projets, comme par exemple Atoll à Beaucouzé, draineront des flux de clientèle, dont une partie viendra évidemment du Sud de la Loire, dont on semble ignorer, sitôt passer les Ponts de Cé, l'isolement et le manque de transports en commun suffisamment cadencés vers la ville Centre.
Or si l'on n'offre pas au citoyen de l'agglomération le vrai choix pour un moyen de transport, si l'on ne programme pas très vite la réflexion non seulement pour une 2ème ligne mais aussi pour une 3ème ligne de tramway, les incantations resteront ce qu'elles sont, c'est-à-dire des incantations.
Si l'agglomération ne crée pas les conditions du débat public sur cette question comme tant d'autres, et préfère la politique de la chaise vide, alors que l'annulation du PLU devrait inciter à plus de modestie, et à davantage de remise en question, il ne faudra pas s'étonner de ce que petit-à-petit les Angevins découvrent que sur ce sujet de la liaison Sud, fuir la discussion avec les citoyens procède d'une stratégie délibérée. Que l'on ne vienne pas après cela donner des leçons de démocratie participative, et d'ailleurs de démocratie tout court.
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