Manifestement, le débat organisé par l'Association Graines d'Angers, les articles d'Ouest-France qui l'ont suivi n'ont pas laissé indifférents certains élus Verts de la Majorité municipale. En effet, toujours selon le même journal, ils auraient fait part de leur divergence substantielle d'appréciation par rapport à ce projet, dont on dit par ailleurs que le Conseil Général pourrait peut-être se désengager.
Or, sur ce projet, c'est bien Angers Loire Métropole qui était demanderesse, et l'on nous expliquait que cette liaison Sud était la condition sine qua non de la requalification des Voies sur Berges, quitte à infliger à d'autres habitants de l'Agglomération des nuisances en terme d'environnement et de bruit, dont le seul avantage est que ces inconvénients ne nuiraient plus à la bourgeoise tranquillité des habitants du Centre-Ville.
Au-delà du vote de peur qui s'est manifesté lors des élections européennes, la première réalité est celle des finances de l'Agglomération. Le dérapage des coûts constaté pour de nombreux projets, comme le Tramway, la faiblesse du potentiel fiscal de celle-ci, les rumeurs insistantes sur la création d'un nouvel impôt levé par elle pose comme première question une question d'ordre économique et budgétaire, avant même celle de l'opportunité ou de l'inopportunité environnementale. Il s'agit de se demander explicitement si l'agglomération a les moyens de financer un tel projet et si la priorité du Conseil Général doit être de continuer à vouloir assumer la maîtrise de celui-ci, c'est-à-dire non seulement le co-financement à parité avec l'Agglo mais aussi et surtout la responsabilité politique.
Dans un communiqué de presse, Gilles Groussard pointait - une fois de plus - l'incohérence des prises de position de la première adjointe. Serait-elle passée par le fleuve du Léthé (ce fleuve de l'oubli qui dans les croyances païennes permet aux âmes qui s'apprêtent à être réincarnées d'oublier leur vie antérieure) en passant de la liste d'opposition, sur laquelle elle avait été élue, à la liste Angers en avant.
Assistant à l'un des derniers conseils de la précédente mandature, j'avais entendu une conseillère de l'opposition s'en prendre - seule contre tous - à ce nuisible "projet d'aspirateur à voiture". Aujourd'hui, sans doute pour les besoins de la solidarité majoritaire, cette même personne, devenue adjointe, mais passée de l'opposition à la majorité, présente la liaison Sud comme un élément dans une réponse "multimodale". Les riverains de la Roseraie apprécieront sans doute. Les horticulteurs aussi.
Avoir à sa porte d'immeuble un poumon vert, disposer de terres horticoles pouvant être valorisées, pourquoi pas dans l'agriculture de proximité, ce n'est peut-être pas du développement durable? Comme si en la matière on pouvait se contenter de poudre aux yeux, d'effet de com' et autres agendas 21.
Il y aurait donc me semble-t-il quelque chose de peu honnête pour l'agglomération de ne pas assumer aussi la responsabilité politique de ce projet, et de s'en défausser sur le département.
Enfin, un peu de cohérence ne messiérait pas à la majorité municipale, car, il va bien falloir à un moment donné ou à un autre, si l'on est fidèle à ses convictions, et que celles-ci passent avant les calculs politiciens, que les Verts de la majorité municipale assument leur désaccord. Et que ceux qui se sont fait élire parce que porteurs eux aussi d'une sensibilité "écologique" nous expliquent leurs contradictions entre leurs positions de la veille et celle du lendemain.
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