Manifestement le récent festival des Accroches Coeurs n'a pas été du goût de tout le monde. Il y a quelques années, l'on croyait, sans être bégueule, lors de l'édition qui avait pour thème Voir la Vie en Rose avoir atteint les limites de la vulgarité publique avec cette profusion de sous-vêtements roses suspendus jusques aux balcons des édifices de notre centre-ville.
Cette année, point d'angelots joufflus ni de petits démons fourchus comme les rétables baroques pourraient nous en offrir le spectacle, mais une profusion de plumes et d'ouate artificielles (bonjour le développement durable et le consommer local...). Passe encore.
Mais certains spectacles ont visiblement heurté la décence, comme on peut le lire dans Ouest-France : un simulacre d'exhibition sexuelle, ou tout aussi grave, une mise en dérision pour ne pas dire une parodie irrévérencieuse de l'Eucharistie, sacrement dans lequel nous catholiques, nous célébrons la présence réelle de Dieu parmi nous. Se livrer à de tels écarts, pas en n'importe quel endroit, mais au bas de la Cathédrale, là où passèrent tant de processions du Grand Sacre, procède bien d'une volonté délibérée de moquer la foi des chrétiens.
Monseigneur Emmanuel Delmas, évêque d'Angers, a vigoureusement réagi. http://www.angers.maville.com/actu/actudet_-Accroche-coeurs-la-religion-bafouee-selon-l-eveque-d-Angers-_-1068946--BKN_actu.Htm .
Monsieur le Maire d'Angers fut, paraît-il, fort courroucé, au point de se refuser à prononcer son discours de clôture des festivités. http://www.angers.maville.com/actu/actudet_-Le-maire-Angers-n-a-pas-reconnu-ses-Accroche-coeurs-_-1069002--BKN_actu.Htm .
Si l'on ne peut que prendre acte de cette volonté de ne pas cautionner par la présence et la parole de telles dérives, il importe de rappeler que ces Accroches-Coeurs sont une commande publique de la Mairie d'Angers. Nous ne rappellerons pas quelle exploitation politicienne l'actuelle majorité, le temps de la campagne électorale, a fait de l'intention prêtée à la liste averse de supprimer cette manifestation. Lorsque l'on a à ce point exploité politiquement cette manifestation, qui n'en est pas à ses premiers écarts, la moindre des choses c'est qu'on l'assume. Et c'est aussi que l'on répare concrètement le préjudice moral causé à la population qui n'a pas choisi de se voir infliger une telle immoralité publique.
Qu'on le veuille ou non, le scandale public rejaillit sur les autorités qui ont commandité de tels spectacles. Lorsqu'il se produit dans l'espace public, qu'il est imposé à la vue d'un public venu dans un esprit festif, parmi lesquels de jeunes enfants, c'est infiniment plus grave que lorsque de tels faits ne concernent que des publics restreints et avertis.
Ce sont de plus les impôts que nous payons qui ont financé de telles dérives. Alors que des manifestations de qualité qui contribuaient au renom d'Angers, comme le Festival du Scoop ont été supprimées, par représailles envers leur fondateur.
C'est un lieu commun de dire qu'en temps de crise, l'art a ceci de particulier que pour un temps, il nous abstrait des troubles du monde, mais encore faut-il que le plus grand nombre y trouve son compte, que le spectacle continue à élever, à faire grandir. Cela est plus exigeant que le nivellement par le bas. De plus, s'agissant d'argent public, n'est-ce pas trop de rappeler qu'il n'a pas à être utilisé dans l'intention délibérée de choquer profondément les convictions et les croyances non seulement des chrétiens, mais des gens honnêtes.
De plus de tels dérapages donnent une mauvaise image du monde des arts, car les vrais artistes, ceux qui cultivent leur indépendance tout aussi jalousement que leur art, qui savent que pour ne point perdre son âme, il n'est pas bon de dépendre d'un commanditaire public exclusif, ces vrais artistes disons-nous, oeuvrent souvent dans des conditions difficiles, pour faire accéder le maximum de public à un art de qualité, qui se refuse à abaisser le spectacle populaire à la vulgarité et à l'immoralité.
Nos collectivités publiques, au premier rang desquelles la Mairie, s'honoreraient en s'abstenant de financer des spectacles grossiers et vulgaires et en consacrant des budgets plus conséquents à la médiation culturelle. C'est ni plus ni moins que l'une des exigences du vivre ensemble.
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