jeudi 6 novembre 2008

OU VA LE PARTI SOCIALISTE?

A l'heure où d'aucuns s'imaginent encore que l'antisarkozysme peut tenir lieu de projet politique, ou s'offusquent ici ou là de telle ou telle mesure catégorielle qui forcément vient plumer les contribuables (ainsi a-t-on pu lire des monceaux d'absurdités lorsque pour rétablir la confiance dans les banques, le parlement a décidé de se relever le niveau de garantie, d'aucuns ont cru qu'il s'agissait d'argent public dépensé pour renflouer les dites banques, ignorant comment fonctionne une garantie, un peu comme on se porte caution pour autrui dans un contrat de location...), il est étonnant de voir comment les pourfendeurs prêts à s'exciter restent étonnament muets lorsque l'on voit se profiler une nouvelle loi répressive, sur l'enfermement des criminels dangereux, dans des centres fermés. C'est comme si ni plus ni moins on instaurait un système de punition provisoire, non pour réprimer des crimes ou des délits réellement commis, mais pour punir par avance des crimes ou des délits dont on pense qu'ils pourraient être commis. En somme la transposition sur le mode judiciaire pénal du principe de précaution dont on ne voit que trop à quel point il s'avère délétère sur le plan social.
Ainsi petit à petit, avec le silence coupable de la gauche socialiste et de Ségolène Royal en particulier, on assiste au détricotage de l'édifice judiciaire humaniste constitué pas à pas depuis la Révolution.
Lorsque Nicolas Sarkozy avait souvenons-nous en avancé l'idée de la pédophilie génétique, bien rares à part François Bayrou, en butte aux sarcasmes des médias, furent ceux qui s'élevèrent contre cette idée complètement étrangère à notre philosophie judiciaire. Et Ségolène Royal s'était illustrée par son silence.
Mais bon Dieu, est-ce que la gauche d'aujourd'hui, celle qui se dit la gauche parce que tout simplement le courage lui manque pour se dire de droite ou tout simplement social démocrate, aurait le courage d'un Mitterrand ou d'un Badinter, ou d'un Philippe Seguin, ou d'un Jacques Chirac pour ne citer qu'eux. Lorsqu'en 1981, Badinter fit voter l'abolition de la peine de mort, l'opinion n'y était pas favorable. La France n'était ni plus ni moins criminogène, et de telles mesures, celles que Perben puis Dati ont réussi à faire passer auraient provoqué des levées de boucliers humanistes si Peyrefitte, le dernier Garde des Sceaux avait osé seulement proposé le dixième.
A quoi pense le PS alors que précisément se détricotent les valeurs humanistes de la loi judiciaire, ses éléphants sont simplement en train de chercher à savoir qui a la trompe la plus longue, la motion qui rapporte le plus de voix. Triste spectacle d'une Byzance contemporaine dissertant sur l'existence ou non d'un sexe des anges alors que s'effondre le monde. Scandaleuse vision de la vie politique où toute honte bue l'une des prétendantes au siège du premier secrétaire émet l'idée que le parti pourrait rembourser les cotisations de ceux qui ne pourraient pas les payer. Cela s'appelle tout simplement l'achat de suffrages. C'est faire peu de cas du respect dû aux militants que d'imaginer et d'oser le dire que leur voix pourrait faire l'objet d'un troc.
Tout cela pourrait paraître bien anecdotique, mais rien n'est dénué d'importance quand, quel que soit le parti, quelle que soit la couleur de peau ou l'identité de genre, on aspire à l'exercice des plus hautes responsabilités de l'Etat.

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