Depuis quelques semaines, les tenants de la théorie du complot se sont lancés dans une propagande foncièrement malhonnête concernant les prétendus risques liés au vaccin contre la grippe H1N1.
Ne serait-il pas opportun de remettre un peu de raison dans les choses?
Il y a dans cette attitude de soupçon généralisé quelque chose qui relève de la pensée obscurantiste, celle contre laquelle les positivistes et les esprits rationnels se battent depuis au moins le XVIIIème siècle.
A entendre tous ces chantres du principe de précaution, ces décroissants qui dans leur nostalgie d'un passé qu'ils n'ont pas connu, on a envie de dire : "grâce à qui, grâce à quoi avons-nous poussé les limites de l'espérance de vie, fait reculer la mortalité infantile, les maladies infectieuses?".
Sans une politique de vaccination obligatoire voulue par la sagesse des pouvoirs publics, jamais la variole ni la polio n'auraient été éradiquée pour la première, grandement jugulée pour la seconde. Jamais la tuberculose dont les générations contemporaines ignorent les ravages n'aurait régressé.
Ignore-t-on que justement le virus H1 N1 a aggravé le bilan démographique de la première guerre mondiale. Mais il est vrai que l'Etat dont l'urgence première était l'intégrité du territoire, dans des conditions économiques autrement plus dramatiques que celles que nous connaissons aujourd'hui, ne disposait peut-être pas des capacités de réaction et de protection préventive qu'un Etat moderne peut déployer aujourd'hui.
Lorsque Pasteur pratiqua ses premières vaccinations, le seul guide était le bien supérieur de l'humanité, et entre laisser les patients mourir ou souffrir leur vie durant des séquelles irréversibles, et tenter de les guérir sans avoir forcément la certitude de l'efficacité d'un remède à peine découvert, il n'y avait pas à balancer. Une chose était certaine, ne rien faire était condamner les malades. Une chose valait la peine qu'on prît le risque, celui d'expérimenter en temps réel un remède que l'on avait vérifié expérimentalement sur l'animal.
Quelques temps après sa mort, la République a récompensé Pasteur du titre de bienfaiteur de l'humanité.
A entendre les lobbies anti-vaccins d'aujourd'hui, ce sont des hommes de cette trempe que l'on entendrait vouer aux gémonies?
Nous ne partageons absolument pas cette suspicion inopportune. Et nous ne devons pas céder à cette tentative d'intoxication des mentalités, qui avec la complicité d'une presse oublieuse de son éthique, se fait la complice objective de ces régressions obscurantistes.
On ne peut vouloir sans arrêt toute chose et son contraire, revendiquer toujours plus d'Etat-providence, et critiquer une mesure grandement utile pour la santé publique lorsque l'Etat remplit son rôle de protection des citoyens.
Ces tenants de la théorie permanente du complot auraient évidemment accusé l'Etat de dérobade s'il n'avait rien fait et nous aurions vu les mêmes qui aujourd'hui accusent ce même Etat de tentative d'empoisonnement l'accuser de non assistance à population en danger.
Alors de temps en temps, on se prend à rêver de la découverte d'un vaccin qui n'existe pas encore, celui contre la bêtise obscurantiste.
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